Goma: Des veuves de militaires congolais réclament les soldes de leurs époux morts au combat

Publié le 23 novembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! "Six mois sont passés sans que nous ayons la rente de survie. Nos enfants sont chassés de l’école faute de paiement des frais scolaires, mais ceux qui ont conduit nos maris sur la ligne de front sont insensibles à notre sort", s’insurge une femme, la trentaine, portant un bébé au dos.
Pour manifester leur colère, ces femmes ont utilisé des pierres et troncs d’arbres pour barricader la route qui mène vers le Quartier général, empêchant la circulation des engins motorisés. La police militaire est intervenue pour les disperser.

Le directeur de la presse à la 34e région militaire, le capitaine Njike Kaiko, a fait savoir que certaines veuves doivent attendre la fin du processus d’identification de toutes les veuves, qu’effectue une équipe venue de Kinshasa, la capitale de la RDC. "Il y avait de vraies veuves et de fausses veuves". dénonce capitaine Njike. "Une seule veuve pouvait détenir à elle seule dix jetons. Comment voulez-vous qu’une seule personne soit veuve autant de fois?", s'interroge-t-il.

Sur les 4.400 veuves, seules 920 perçoivent à ce jour la rente de leurs maris. Ces veuves considèrent cela comme un flou "entretenu par certains responsables militaires pour se faire de l’argent sur leur dos".

"Ces autorités militaires n’ont pas de cœur. Cela fait plus de 7 ans que feu mon mari est mort au cours des affrontements entre les FARDC et les groupes armés au Nord-Kivu, et m’a laissé avec 4 enfants", explique Mawazo (nom d’emprunt), l’une des veuves décidées à rentrer dans ses droits. "Depuis, je vis dans des conditions inhumaines. L’un de mes enfants est sérieusement malade, l’hôpital ne veut pas le soigner sans argent. Ils savent que c’est un orphelin, fils d’un soldat décédé et pense que je n’aurais pas assez de moyens pour honorer la facture des soins médicaux", conclut-elle, larmes aux yeux.

Alors qu’à Kanyabayonga (à plus ou moins 150 Km au nord de Goma), les épouses des militaires étaient accusées, en 2013, de piller les champs des paysans faute de ration; dans les provinces voisines du Sud-Kivu et Orientale, les épouses des militaires sont descendues dans la rue pour réclamer le paiement de plusieurs mois de solde de leurs maris.

Dans un rapport intitulé "Ou sont les droits des femmes des militaires et des policiers?" publié en mars 2014, par l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), certaines veuves des militaires vivant à Kinshasa ont déclaré que la prise en charge offerte par le gouvernement ne leur permet pas de vivre ni d’entretenir leurs enfants. Elles reçoivent mensuellement une somme d’argent qui varie entre 8000 et 18.000 Francs congolais, soit entre 8,69 et 19,56 dollars américains. D’autres ont signalé n’avoir pas d’informations au sujet de leurs maris partis au front, il y a plusieurs années. Elles ignorent s’ils sont en vie, s’ils sont morts ou portés disparus. L’administration de l’armée n’est pas en mesure de les informer sur le sort de leurs maris, ce qui les met dans une situation permanente d’incertitude.