Réinventer l'expérience de la location automobile. Voilà le défi auquel se sont récemment attaqués le lab d'innovation de Visa et Docusign. Le résultat de leurs cogitations était présenté le mois dernier, lors de la conférence Money2020. Il prend la forme d'une application embarquée, combinant signature électronique, paiement et… blockchain.
La location de voiture fait partie de ces actes de la vie (presque) quotidienne qui paraissent toujours bien trop lourds. À une époque où de nouveaux services permettent à des consommateurs de partager leur véhicule en quelques clics, sur un site web ou dans une application mobile, comment peut-on encore supporter de perdre du temps dans un bureau, à établir et signer un contrat imprimé ? Aujourd'hui, les technologies sont prêtes à ranger ces procédures dans le tiroir des souvenirs…
Dans la démonstration de Visa et DocuSign, le client s'installe directement au volant de la voiture de son choix et règle tous les détails administratifs sur le tableau de bord. Il commence par sélectionner son contrat de location – durée, kilométrage… – puis choisit son assurance – avec les garanties qu'il souhaite. Tous les documents sont signés sur l'écran tactile, action immédiatement enregistrée dans la blockchain (celle – publique – du bitcoin), afin d'en conserver une trace infalsifiable et incontestable.
Vient enfin l'étape de paiement. Pour ce faire, le conducteur associe simplement sa carte Visa au véhicule, pour le temps de la location. Il lui est alors proposé un certain nombre de services complémentaires, tels que l'accès à des options de divertissement (une boutique de vidéos à la demande, par exemple), mais également la possibilité de payer « automatiquement » les péages, les pleins d'essence, les parkings… voire même les passages au fast-food (surtout les drive-in, peut-on supposer).
L'initiative est digne d'intérêt en ce sens qu'elle illustre une focalisation sincère sur l'expérience utilisateur, de bout en bout, contrairement à la vieille habitude – particulièrement tenace dans le secteur financier – consistant à promouvoir et vendre des produits. En revanche, et au risque de paraître éternellement insatisfait (je suis incorrigible !), il me semble que l'expérience aurait pu être menée beaucoup plus loin, jusqu'à esquisser une véritable vision des services de demain.
Ainsi, l'usage qui est fait de la blockchain dans la présentation est totalement symbolique et tient uniquement de l'effet de mode : l'enregistrement de la signature des contrats dans le grand livre de comptes distribué n'apporte en vérité aucune valeur particulière au dispositif. Or, il était facile d'imaginer une approche non seulement utile mais aussi susceptible d'améliorer encore l'expérience, notamment en exploitant la blockchain pour gérer l'identité du consommateur et ses paiements (en bitcoin).
Naturellement, il est un peu optimiste de compter sur des acteurs établis pour déployer des technologies qui remettent profondément en cause leurs activités historiques – qu'il soit question de signature électronique ou de paiement. Là réside peut-être toute la différence entre des entreprises réellement innovantes – qui n'hésitent pas à risquer d'ouvrir des boîtes de Pandore dans leurs expérimentations – et celles, trop conservatrices, qui préfèrent rester dans leur cadre familier et confortable…