La schizophrénie touche environ 1 personne sur 100, soit 600.000 personnes en France, et les hallucinations, qui ne sont pas un critère suffisant de diagnostic, font néanmoins partie des symptômes les plus fréquents de la maladie. Elles affectent environ 70% des patients schizophrènes. Cette recherche par scans du cerveau de personnes atteintes identifie des marqueurs morphologiques dans le cerveau, associés à la fréquence des hallucinations. Alors que ces marqueurs impliquent des zones cérébrales qui se développent autour de la naissance, c’est peut-être l’espoir de pouvoir, à terme, détecter dès l’enfance le risque élevé de schizophrénie.
Les chercheurs de l’Université de Cambridge, de Durham, du Trinity College (Dublin), et de Macquarie (Australie) ont étudié 153 scans du cerveau de patients schizophrènes, avec ou sans hallucinations vs personnes en bonne santé. La recherche identifie plusieurs marqueurs, dont un sur un sillon particulier, près de l’avant de chaque hémisphère, associé à la survenue d’hallucinations dans la schizophrénie.
2 marqueurs morphologiques spécifiques :
· L’analyse révèle ainsi que le sillon frontal paracingulaire, une sorte de pli dans le cortex préfrontal médian, est significativement plus court (voir visuel b) chez les personnes atteintes de schizophrénie qui éprouvent des hallucinations. Une réduction de la longueur du sillon d’1 cm est associée à un risque accru de près de 20% d’hallucinations.
· Ensuite, le volume de matière grise entourant immédiatement le sillon est plus important
chez les patients éprouvant des hallucinations (Voir visuel de gauche).
Le sillon paracingulaire, entre réel et imaginaire : Les hallucinations sont donc bien associées à des différences spécifiques dans la partie frontale du cerveau. Ici, les auteurs remarquent que de précédentes recherches ont déjà suggéré l’implication du sillon paracingulaire dans notre capacité à faire la distinction entre le réel et l’imaginaire.
Si, à ce stade, les implications liées à ces nouvelles données sont limitées, la recherche ouvre néanmoins 2 perspectives :
– – Celle de pouvoir suivre via IRM répétées les modifications du cerveau, chez des patients à haut risque ou au cours de l’évolution de la maladie, chez des patients diagnostiqués.
– – Pouvoir détecter le risque aussi, dès l’enfance, alors que ces zones cérébrales se développent autour de la naissance.
Source: Nature Communications November 17 2015 doi:10.1038/ncomms9956Paracingulate sulcus morphology is associated with hallucinations in the human brain
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