Le vendredi 13 novembre 2015 était un jour sous le signe de l'amour pour moi : le jour des 4 années de vie commune avec mon amoureux.
On manque sûrement un peu de romantisme, mais le jour de "nos anniversaires", comme le jour de la Saint-Valentin, on ne fait pas grand chose. On aime bien juste se le dire. Des fois, un petit resto, des fois un apéro en amoureux. Cette année, on avait invité un copain à Belem, au Brésil pour fêter son anniversaire. Autant vous dire, qu'on y allait plus pour faire la fête !
Le vendredi 13 novembre 2015, nous avons arpenté le moindre recoin du centre ville de Belem, le fort, le marché, les parcs, le petites ruelles aux maisons joliment décorées d'Azulejos. Ce qui fait bizarre, c'est que j'ai des photos du matin 9h à la fin de journée 18h.
18h. Nous rentrons d'un parc un peu sous le ton de l'humour. On nous avait annoncé voir des aligators, on a vu des perroquets et des singes, bébettes que l'on voit facilement en Guyane... Mais peu importe, on avait passé une chouette journée, et le soir, le soir, c'était une soirée de fiesta qui s'annonçait -friday night au Brésil quoi! Direction l'hôtel pour se préparer avant de ressortir.
Mon copain était sous la douche quand Nico, le pote, frappe à notre porte. J'ouvre. Son regard va directement droit à la télécommande de la TV. "Il se passe un truc à Paris!!". Le BFM brésilien montre en boucle les gens coincés au stade de France et en gros titre en dessous "100 personnes en otage". Puis on comprend qu'il y a eu des fusillades dans plusieurs rues, cafés, bars.
J'ai ressenti comme une massue qui me tombait dessus. MA FAMILLE, MES AMIS. J'appelle directement ma mère, mon beau frère, j'envoie des messages à tous mes copains parisiens.
J'ai passé le reste du week-end dans un état second. Là, mais pas là. Contente de visiter l'île de Mosqueiro, sans être vraiment contente. Envie de manger, sans vraiment avoir envie de manger. Le samedi soir, impossible de faire la fête. Je les abandonne à 22h au bar.
Il y avait un trop plein dans mon coeur. Trop plein de rage contre le gouvernement français, trop plein d'émotion, trop plein de frayeur face à l'attrocité des actes, trop plein d'incompréhension mais surtout un trop plein d'amour... La distance aidant, ce 13 novembre 2015 m'a fait réalisé à quel point j'aime ma famille, mes amis, mais aussi mon pays, ma ville, Paris. D'un seul coup, les 8 000 km qui me séparent de Paris, qui ne m'ont jamais posés problème auparavant, m'ont complètement déboussolé. J'avais envie d'être près de mes proches à Paris, dans mon pays, que j'aime...
Donc oui, pour moi, ce 13 novembre 2015 restera sous le signe de l'amour...