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L’océan, lanceur d’alerte sur le climat

Publié le 22 novembre 2015 par Blanchemanche
#réchauffementclimatique #niveaudesmers

Publié le 22/11/2015  par Jean-Denis Renard

Le réchauffement climatique va s’accompagner d’une montée du niveau des mers. Avec des conséquences sur le littoral et l’érosion qui l’affecte

L’océan, lanceur d’alerte sur le climat
Hiver 2014 à Biscarrosse, dans le nord des Landes. Gonflé par des tempêtes successives, l’océan avait fait reculer le trait de côte dans des proportions rarement constatées.© PHOTO FABIEN COTTEREAU/« SUD OUEST »
De combien montera-t-il ? 50 centimètres ? 1 mètre ? Ou plus ? Le niveau qu'atteindra l'océan mondial à la fin de ce siècle est l'une des lourdes interrogations liées aux bouleversements climatiques. Si l'on en croit les projections du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) dans son cinquième rapport, publié en 2013, la fourchette serait comprise entre 29 et 82 centimètres d'ici à 2100.
Cette estimation est discutée au sein de la communauté scientifique, où l'on pense que le Giec pèche par excès de prudence. La déstabilisation alarmante des calottes de glace polaire, celles qui recouvrent le Groenland et l'Antarctique, pourrait être bien plus rapide que prévu. Il s'agit de glace d'eau douce, contrairement à la banquise qui n'est rien d'autre que la mer gelée. Sa fonte précoce augmenterait le volume total des océans, et donc leur niveau. Une hausse de l'ordre du mètre d'ici à 2100 paraît plausible à de nombreux spécialistes.Pour le moment, la hausse du niveau de l'eau est surtout le fait de la dilatation thermique des océans - plus l'eau est chaude, plus elle tient de place - et de la fonte des glaciers de montagne. Cette hausse s'établit à 3,2 mm par an environ sur les vingt dernières années. C'est deux fois plus que la moyenne enregistrée au cours du XXe siècle, six fois plus que la moyenne sur les trois derniers millénaires.Le long du golfe de Gascogne, le phénomène est un peu moins marqué (l'océan ne monte pas partout à la même vitesse, contrairement à l'idée intuitive que l'on s'en fait). Il n'en reste pas moins que des points vulnérables à la submersion sont bien identifiés. Ce sont les zones basses habitées, comme on en trouve sur l'île de Ré en Charente-Maritime, dans l'estuaire de la Gironde, près de l'embouchure des « courants » landais (les rivières côtières) tels le courant de Mimizan ou en bordure du lac marin d'Hossegor.

Soumis à l'érosion

L'inquiétude suscitée par le rythme de la montée des eaux s'appuie également sur l'érosion marquée du littoral : de 1 à 3 mètres de recul par an en moyenne sur la côte sableuse, selon un rapport commandé par le GIP (groupement d'intérêt public) Littoral aquitain. Le cycle des tempêtes de l'hiver 2013-2014 est encore dans toutes les mémoires, avec un recul de 20 à 40 mètres en de nombreux points et des ouvrages de défense réduits en miettes par les vagues.Les « maillons faibles » de l'érosion dans le Sud-Ouest repérés : la côte ouest de l'île d'Oléron, en Charente-Maritime, les rivages du Médoc ou encore les plages au sud du bassin d'Arcachon, jusqu'à Biscarrosse. Les falaises rocheuses du Pays basque sont elles aussi menacées, le travail de sape de la houle à leur pied étant d'autant plus destructeur que le niveau de la mer est haut.

Un phénomène naturel

S'il est habituel d'établir une relation de cause à effet entre réchauffement climatique et érosion du trait de côte, les spécialistes se montrent très mesurés. « La montée du niveau des océans va accélérer des tendances naturelles qui sont de toute façon à l'œuvre depuis longtemps. On a des preuves d'un recul littoral vieux d'au moins 200 ans à Soulac-sur-Mer », expose Bruno Castelle, océanographe physicien CNRS au laboratoire Epoc (CNRS/Université de Bordeaux).Dans sa mécanique actuelle, l'érosion est créée par la dérive littorale, un courant nord-sud qui s'exerce dans la zone de déferlement à cause de la direction dominante de la houle (elle vient du nord-ouest). Les vagues très énergétiques de l'hiver arrachent le sable des plages et l'emportent plus au sud. Les bonnes années, les houles de printemps le ramènent lentement à la côte. Pour être équilibré, le bilan des plages devrait s'enrichir d'un stock de sable présent à quelques dizaines de mètres sous la surface, sur le plateau continental (qui est la poursuite des terres émergées jusqu'au talus). C'est là que le bât blesse.« Le sédiment qui était entreposé sur le plateau a servi à modeler notre côte au cours des millénaires passés. Il y en a de moins en moins », ajoute Bruno Castelle. C'est le lot de notre longue période interglaciaire, à 10 000 années de distance de la dernière déglaciation qui a raboté les fonds de vallée et envoyé en mer de gigantesques volumes de matériaux. Réchauffement ou pas, le littoral gère maintenant la pénurie.http://www.sudouest.fr/2015/11/22/l-ocean-lanceur-d-al-erte-sur-le-climat-2193702-2733.php

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