Les "supporters" de Tychy (C. Delaville)
Il y a des images qu'on n'aimerait voir nulle part, mais que l'on voit malheureusement parfois à la télévision, lors de matches de football.
Derrière des gigantesques banderoles aux slogans nauséabonds dont nous tairons ici la teneur, des hommes aux crânes rasés, vêtus de bombers, chantent à l'unisson d'une voix grave et puissante, écharpes aux couleurs du club polonais de Tychy brandies au-dessus de leur tête.
Parmi ces hommes, certains d'entre eux se déplacent de tribune en tribune, jusqu'à atteindre celle d'en face, où sont regroupés la vingtaine de supporters adverses, ceux du club biélorusse de Soligorsk.
Si la tension est palpable sur la glace entre les deux équipes - Soligorsk mène alors 1-0 -, elle monte violemment d'un cran lorsque l'arbitre refuse à juste titre un but aux Polonais. Les "supporters" de Tychy fondent alors sur ceux du club adverse, dévoilant ainsi leur vrai visage, celui de la haine.
Les Rouennais de cette même tribune s'interposent pour protéger les Biélorusses. Une bagarre éclate. Choqués, des enfants crient et pleurent. De l'autre côté de la glace, les hooligans polonais sautent à la vitesse de l'éclair par-dessus les balustrades. Certains sont cagoulés, d'autres ont le visage recouvert de leur écharpe. Tous ont un protège-dents. Services de sécurité, agents de la BAC (Brigade anti-criminalité) puis CRS accompagnés de chiens parviennent à endiguer l'onde de violence, causant ainsi l'interruption du match, sous les yeux ébahis des deux équipes.
Que dire de cette violence gratuite propagée par ces hooligans polonais, dont les rangs étaient hier soir renforcés par les ultras immondes de l'Olympique lyonnais ?
Que dire face à une telle haine de l'autre qui nous éclate à nouveau à la figure, cette même haine de l'autre qui a meurtri la France il y a tout juste une semaine ?
Que cette haine de l'autre gangrène l'esprit le plus étriqué, le coeur le plus fermé, qu'elle se gave jusqu'à la nausée de cette si fière identité, cette valeur que certains brandissent en étendard et qui ne conduit qu'au repli sur soi, à la peur et à la violence.
Honte à vous ce soir, messieurs les Polonais, qui avez donné une image si hideuse du club dont vous osez crânement arborer les couleurs.
Honte à vous ce soir, messieurs les Polonais, qui jetez l'opprobre sur tous les autres supporters de Tychy, qui ont fait un long voyage jusqu'à Rouen pour partager avec ces passionnés venus d'Ukraine, de Biélorussie et de France de chaleureux moments de solidarité sportive.
Vous haïssez l'autre parce qu'il n'est pas comme vous.
Faites-nous plaisir. Rentrez chez vous.
Le sport n'a pas besoin de vous.
Personne sur cette terre n'a besoin de vous.
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