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Max | Bill

Publié le 21 novembre 2015 par Aragon

bill60.jpgIl vient juste d'avoir soixante dix balais. Je ne me penche pas sur mon passé, ni sur le sien. Je ne pleurniche pas sur la fuite du temps. C'est comme ça la vie. Ça vient et ça se barre. Ça va en s'étalant quand on est môme : Pataugeoire, mare-à-canards, lac, étang, ruisseau, mangrove, océan pour les plus chanceux ou mégalos, fleuve, torrent. De la flotte, de l'élément liquide à mon sens la vie. Torrent, oui, un sacré foutu putain de torrent, surtout dans le dernier tiers. C'est chouette la vie, c'est mouillé mais c'est chouette !

Il, c'est Bill, c'est mon pote Bill, long tall Bill. Qui a commencé à l'appeler Bill ? Ambiance américaine de ces années-là... Pour sa mother, un peu comme chez le commissaire San-Antonio c'était Jean. Mais Jean pour nous c'était Bill. Comme Augustin Meaulnes fut le "Grand" Meaulnes chez les morbacks du cours supérieur de Sainte Agathe. Pas de panégyrique dans ce foutu papier, simple hommage au pote, à l'ami, au frère (qu'il n'a pas eu) au possible vieillard qu'il deviendra dans longtemps si les petits poissons lui bouffent pas les pinceaux avant, à l'éternel adolescent qu'il restera pour moi et pour les potes de notre enfance, l'éternel rebelle, fier, ombrageux, viril (incroyable pour un ado de voir la virilité affichée chez un autre), courageux, fidèle, loyal, indéfectible en amitié.

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Car Bill nous a donné à tous, à moi, je ne peux bien sûr parler qu'en mon nom, m'a donc donné un certain état d'esprit. A influencé durablement ma vie. L'esprit de Bill ado c'est celui de l'affranchissement des règles, celui de la vie à tout prix, celui du prix de la liberté, car Bill dans les années soixante à Amou c'était le Marlon Brando, le James Dean de la Técouère, celui dont toutes les mères de famille disaient à leur progéniture de ne pas ressembler ni fréquenter, de bien rester sur le trottoir contre le mur, quand il passait à fond dans les rues sur sa Flandria jaune, celui qui faisait trembler l'institution : gendarme, maire, instit et curé par sa vraie violence juvénile.

La vraie violence, qui ne passe pas par les coups, par le langage, par les gestes, pas la violence des gros bras et des cons, infiniment mieux que ça, la vraie violence mère de toutes les capacités vivantes et émotionnelles, mère de toutes les vies possibles, la vraie violence matrice de tous les courages, la vraie violence carrefour, embarcadère pour toutes les vraies destinées.

Rebelle sans cause le grand Bill, violent sans faits et gestes. Violence de la beauté d'un simple jeune et vrai ado.

Nous étions pour bon nombre d'entre nous des mous, des geignards, des gentils mais des geignards, des qui allaient se réfugier facilement sous le cotillon de la matriarche, sous la houlette du père, de l'instit ou du curé. Bill ne se réfugiait sous rien, il était dans son adolescence l'exemple même de l'homme libre, de celui qui décide de sa trace et de sa voie.

Il a vieilli Bill, il est redevenu Jean. Il vieillit bien. Il a eu une belle job et une belle famille. Il a eu la vie de tout le monde, ni plus ni moins.

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Mais Bill aura permis a plein de gamins de la Técouère d'Amou des années soixante, de rêver. À une époque empesée, suffocante et gaullienne où la vie d'un ado et d'un jeune n'était pas facile. Une époque où le rêve était quasiment interdit. Poids des institutions, des morales, des religions, des autorités administratives, éducatives, militaires et familiales. Tout s'assénait à notre époque.

Bill m'a permis de rêver sans honte, ni peur, ni crainte. De rêver et en le voyant de penser qu'il était réellement l'exemple vivant pour un jeune qui devait vivre, qui affirmait pleinement sa jeunesse, la rendait obligatoire... Pour préciser, car il faut le dire, à Bill je veux associer Albert son paternel, l'a eu la chance le bougre d'avoir un dabe de la même trempe que celui de Brassens : admirablement parfait, un vrai père ! Ça l'a aidé quand même...

Pour toi donc, à présent Jean, je finis ce papelard, j'ai trop écrit, marre de ces mots, j'aurais aimé t'écrire ces mots en trois simples mots, même en un seul : MERCI. Merci d'avoir été ce Bill, ce vrai foutu gamin rebelle de Bill qui par ton exemple a permis que mes yeux d'ado brillent.

Pour toi mon grand Bill, je te dédie cette chanson du petit Richard, hyper bien reprise par les Beatles (qui a dit qu'ils n'étaient pas R'R ? )... Car le rock c'est la vie et le rock on le portera jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Jusque dans un cercueil en bois doré et sombre - couleur rock and roll - dont l'arbre n'a pas encore été planté !!!


I'm gonna tell Aunt Mary / 'Bout Uncle John / He said he had to visit / But he got a lot of fun / Oh, baby / Yeah, now, baby / Whoo-oo-oo / Baby / Some fun tonight / / I saw Uncle John / With long tall Sally / He saw Aunt Mary comin' / And he ducked back in the alley

Je vais dire à tante Mary ce que fait oncle John /§ Il dit qu'il est malheureux mais il s'amuse bien / Oh bébé, maintenant bébé / oh bébé il s'amuse le soir / J'ai vu l'oncle John avec cette grande perche de Sally / Il a vu arriver tante Mary et a filé dans une ruelle / Oh bébé, maintenant bébé / Oh bébé il s'amuse le soir / Cette grande perche de Sally est bien bâtie / Elle a tout ce qu'il faut à l'oncle John / Oh bébé, maintenant bébé / Oh bébé il s'amuse le soir / Ouais on va s'amuser ce soir

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