Vendredi 20 Novembre 2015
Louis HausalterPrompts à afficher leur soutien au peuple français après les attentats, les géants américains du web se montrent beaucoup plus discrets lorsqu’il s’agit de remplir leur devoir civique.
Connus pour leur réactivité, les géants américains du web n’ont pas tardé à exprimer leur compassion après les attentats du 13 novembre. Le soir des attaques, Facebook est le premier à se faire le champion de cet élan de solidarité. Les membres du réseau social résidant en région parisienne sont aussitôt invités à se signaler « en sécurité » d’un simple clic. Un moyen efficace de rassurer ses proches, utilisé par plus de cinq millions de personnes. Le lendemain, nouvelle initiative : Facebook propose de recouvrir sa photo de profil d’un filtre bleu-blanc-rouge. Là encore, de très nombreux internautes adoptent rapidement ce signe de fierté nationale répondant à une tragédie tout aussi nationale. Le fondateur du réseau social lui-même, Mark Zuckerberg, active cette « photo de profil temporaire », comme la désigne Facebook, en solidarité avec la France.
EN FRANCE, LE MANQUE À GAGNER FISCAL LIÉ AUX PRATIQUES DES ENTREPRISES AMÉRICAINES EST ESTIMÉ À 4,2 MILLIARDS D'EUROS.
Petit rappel : Facebook n’a payé que 319.167 euros au fisc en 2014. Une paille par rapport à ses revenus. En réalité, le réseau social parviendrait à réduire sa facture fiscale de 99% au moyen d’un montage fiscal passant par l’Irlande et les îles Caïmans. Une pratique archi-répandue chez ses petits camarades de la Silicon Valley. Les Apple, Google et autres Amazon ont tous recours à de complexes techniques pour échapper à l’imposition en France. Starbucks, quant à lui, n’a pas payé un euro d’impôt depuis son arrivée en France en 2004. Il y a quelques jours, une étude d’un collectif d’ONG estimait à 4,2 milliards d’euros en 2012 le manque à gagner fiscal lié à l'imagination déployée par les entreprises américaines pour échapper à l'impôt en France.Impôt qui, ne l’oublions pas, finance notamment… la lutte antiterroriste. Le gouvernement compte d’ailleurs faire voter en urgence une hausse des budgets consacrés à la sécurité et à la justice dans le projet de loi de finances pour 2016, actuellement en discussion au Parlement. Un effort auquel ces sociétés américaines si compassionnelles ne participeront donc pas, contrairement aux PME françaises. Il est vrai qu’entre mettre en ligne un logo bleu-blanc-rouge et s’acquitter comme tout un chacun de ce devoir civique qu’est l’impôt, on sait ce qui coûte le moins cher.http://www.marianne.net/facebook-google-apple-merci-solidarite-c-est-payer-ses-impots-france-100238178.html