Imaginons que l’histoire ne se soit pas tout à fait passée comme nous la connaissons. Louis XVI réussit sa fuite, n’est pas arrêté à Varenne et la Révolution Française n’aboutit pas à l’avènement de Napoléon Ier. Le jeune Bonaparte, bouillonnant d’ambition, part alors sur d’autres combats. Il débarque alors en Louisiane, agitée par une révolution elle aussi: après s’être défait du joug espagnol, la région hésite entre la France, les Etats-Unis et l’indépendance. La jeune Emilie relate dans ses lettres à son amie Elisabeth l’arrivée de ces immigrés français, à commencer par ce général si charismatique qui captive les foules.
Cette uchronie propose un point de vue très intéressant et forcément romanesque d’une histoire alternative. J’avoue n’être pas assez calée sur le personnage de Napoléon et sur l’histoire américaine pour donner un avis fiable sur la démarche. Toutefois, à mon petit niveau, j’ai été convaincue. L’idée que les proscrits révolutionnaires se voient contraints de quitter la France et débarquent en Louisiane, contrée francophone, en période troublée, pour passer d’une révolution à une autre, est séduisante. D’autant plus que de fil en aiguille, Napoléon Bonaparte devient le leader naturel d’une communauté révolutionnaire. En d’autres termes, chassez le naturel, il revient au galop! Une manière aussi de dire que certaines choses n’arrivent pas par hasard et que lorsqu’il ne suffit pas de déplacer un despote pour l’empêcher de refaire surface.
En revanche, j’ai eu beaucoup de mal à suivre les évolutions politiques et l’avancée des différentes négociations, tractations, batailles de Napoléon. Il faut dire qu’à la base, cela ne me passionne pas, je n’y comprends pas grand-chose et l’aspect stratégique de ce récit est largement mis en avant. J’ai parfois parcouru des lignes sans vraiment arriver à suivre ce pan-là de l’intrigue.
Heureusement, l’autre fil rouge reste l’impact de cette carrière fulgurante de Napoléon sur sa relation avec Emilie. On assiste, à travers leurs lettres, à la naissance de leur histoire d’amour, à leur mariage et à leur complicité dans le combat politique auquel Emilie participe activement. Puis à l’engagement dévorant de Napoléon au détriment d’une vie de famille et de son grand amour. Là encore, les fantômes de Joséphine et Marie-Louise ne sont pas bien loin, comme si Napoléon en tant qu’homme était là aussi condamné à ne pas pouvoir garder l’amour de sa vie et se contenter d’unions de convenance. Touchante et digne, cette narratrice-là m’a beaucoup plu.
La note de Mélu:
Une lecture en demi-teinte car une partie du sujet n’était tout simplement pas pour moi.
Un mot sur l’auteur: Antoine Hiloi est un auteur français