Pourtant, il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’il est impossible d’attribuer cette pensée à Napoléon Bonaparte et de ne pas l’attribuer à Abraham Lincoln, comme nous le montrent tous les éléments suivants extraits de Wikipédia :
- enfant, Napoléon dira de lui-même qu’il était « turbulent, adroit, vif et preste à l'extrême ». Impossible bien sûr de lier une telle turbulence avec une quelconque authenticité ;
- quand Napoléon quitte la Corse, à 9 ans, pour la France, son précepteur – l’abbé Chardon – prétend qu’« il apprit en trois mois le français, au point de faire librement la conversation et même de petits thèmes et de petites versions ». Cela ne prouve en aucune manière qu’il apprit à lire ou à écrire ;
- d’ailleurs, lorsqu’il est admis à l'école militaire de Brienne-le-Château, il est « excellent en mathématiques, mais médiocre en littérature, latin et allemand ». On ne parle même pas de l’anglais ;
- on fait beaucoup de cas du fait que Napoléon a édicté le Code Napoléon. Mais celui-ci ne fait que reprendre une partie des articles de la coutume de Paris et du droit écrit du Sud de la France, en protégeant le droit des obligations et des contrats. Bien loin des préoccupations d’authenticité des citations de Facebook qui – on le sait – se moque tout à fait des droits et des obligations contractuelles ;
- le 13 avril 1814, en pleine tentative de suicide, Napoléon déclare bien à Caulaincourt : « Qu’on a de peine à mourir, qu’on est malheureux d’avoir une constitution qui repousse la fin d’une vie qu’il me tarde tant de voir finir ! ». À nouveau, aucune allusion à Facebook. D’ailleurs, Caulaincourt sortira de la pièce pour demander au valet de chambre et au service intérieur de garder le silence ;
- Napoléon meurt un samedi, le 5 mai 1821, « à 17 heures et 49 minutes », rendant ainsi « le plus puissant souffle de vie qui eut jamais agité l'argile humaine » (Chateaubriand). À nouveau, aucune trace de Facebook dans ce qui n’a finalement rien d’un suicide ;
- par contre, après une enfance et adolescence sans relief, Abraham Lincoln apprend le droit grâce à ses seuls talents d’autodidacte et devient avocat itinérant, ce qui prouve bien qu’il savait lire et écrire ;
- c’est lui qui, en 1863, abolit l’esclavage aux États-Unis d’Amérique et qui du fait même incite tous ses amis Facebook à lutter contre la ségrégation raciale ;
- étant de toute évidence le plus grand président des USA (1,93 mètre quand même), il est aussi celui dont la sexualité reste la plus mystérieuse et la plus ouverte : père au moins de quatre enfants (aujourd’hui, tous décédés), on ne sait pas très bien s’il était homosexuel ou bisexuel. Ce genre de débats n’ayant aucune importance, cela le rapproche inexorablement du phénomène Facebook connu pour sa vacuité intellectuelle ;
- la vie d’Abraham Lincoln semble conditionnée par des « Marie », en anglais « Mary ». Amoureux d’une Mary Owens, il se fait jeter en mai 1837. Dix-huit mois plus tard, il se fiance à Mary Todd, mère de ses quatre enfants. Il n’y a pas de hasard : quatre personnes furent condamnées à mort à la suite de l’assassinat de Lincoln, dont Mary Surratt qui fut la première à être exécutée par le gouvernement des États-Unis ;
- de plus, son assassin Booth n’hésite pas à crier lors de cet événement morbide « Sic semper tyrannis ! » (« Ainsi en est-il toujours des tyrans ! »), citation qui se trouve dans l'hymne du Mary-land, ce qui fait bien 4 Mary ;
- dans la Bible hébraïque, la fille de Sion désigne Jérusalem et sa population, ainsi que l'ensemble du peuple juif par extension. Pour le catholicisme romain, la « fille de Sion » n’est autre que Marie, la mère de Jésus. La boucle est bouclée.
Bref, s’il y en a encore parmi vous un(e) seul(e) qui croirait de bonne foi à l’insu de son plein gré que Napoléon Bonaparte est l’auteur de cette citation pleine de vérité, vraiment, je ne comprendrais pas. J’en discutais d’ailleurs encore hier avec Nelson Mandela et il était bien d’accord avec moi !