La vie devant soi

de Romain Gary (Emile Ajar)
Roman - 280 pagesEditions Mercure de France - septembre 1975Editions Poche Folio - mars 1982Prix Goncourt - 1975

Momo vit avec d'autres enfants sans parents mais auprès de la vieille Madame Rosa, une vieille juive rescapée d'Auschwitz qui habite au 6e étage d'un immeuble de Belleville. Il a 10 ans mais paraît plus, et prend déjà beaucoup de recul sur ce qui l'entoure, sur sa mère biologique sûrement violée, sur la vieille Rosa qui n'arrive plus à monter les marches de l'immeuble et est sujette à des angoisses paranoïaques. Cette vieille Rosa, cette Juive, qui est la seule personne auprès de qui Momo peut trouver refuge. Sa famille.

Avec des périphrases que Momo a adoptées pour se reconstituer un vocabulaire pas si enfantin que ça ("les femmes qui se défendent" pour "prostituées"; "avorter" pour "euthanasie"; "fils de putes" pour "enfants placés ou recueillis"), on apprivoise dès le début du roman un langage très singulier, fait d'expressions métaphorique set d'erreurs syntaxiques assumées.
Extrait :"Monsieur Hamil m'avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu'il n'était pas pressé car il transportait l'éternité. Mais c'est toujours plus joli quand on le raconte que lorsqu'on le regarde sur le visage d'une vieille personne qui se fait voler chaque jour un peu plus et si vous voulez mon avis, le temps, c'est du côté des voleurs qu'il faut le chercher."
L'auteur, par les yeux de Mohammed, évoque des questions hautement délicates, des sujets sociaux de première importance, encore aujourd'hui : le racisme, la fin de vie et le droit au libre choix, l'adoption, la cohabitation interreligieuse, la filiation…C'est un classique que je suis ravie d'avoir découvert enfin, un roman plein de lumière, de simplicité, de douleur surpassée, d'espoir et de tendresse. Dans un Paris solidaire et métissé.
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