Si le sujet ne m’attirait pas plus que ça à la base, je me suis néanmoins vite laissé emporter par le style verbeux (et probablement légèrement pédant) d’un auteur qui manie la langue française avec une adresse qui rend la lecture immédiatement plaisante. Le contenu l’est forcément moins, puisqu’il invite à suivre la descente aux enfers d’une femme prisonnière d’un pervers narcissique qui contrôle son existence jusque dans les moindres détails, de son emploi du temps à son budget. Derrière l’image familiale parfaite que s’efforce de renvoyer Bénédicte Ombredanne, se cache en effet une relation conjugale névrotique qui transforme sa vie en un véritable enfer. Progressivement, l’auteur lève le voile sur ce quotidien fait d’humiliations et de maltraitances psychologiques sans limites. Sous l’emprise d’un mari sournois, complexé et persécuteur, Bénédicte souffre en silence, se recroqueville, se résigne, se fane et s’efface…
Cherchant à s’évader dans la lecture et l’écriture, cette femme blessée, incapable de quitter l’homme qui la maltraite, connaîtra cependant un moment de révolte et de liberté inoubliable… un amour qui ne durera que quelques heures avec un homme rencontré sur Meetic. Un après-midi torride et un coup de foudre salvateur qui offre une porte de sortie à cette héroïne devenue incapable de jouir de la vie. L’évasion sera néanmoins brève et le mécanisme d’avilissement mis en place par l’époux sans pitié. Renonçant à rejoindre la lumière de cette porte entrouverte, Bénédicte s’enlisera donc plus profondément dans cette forêt sombre, qui ne relâchera plus jamais sa proie…
Si le sujet n’était probablement pas fait pour moi, j’ai néanmoins été touché, voire révolté, par la destinée de cette femme et séduit par la très belle plume de l’auteur.