Quand j'ai vu la première bande annonce du film à la télévision j'ai eu une réaction qui m'a surpris moi-même.
"Nooooooooooooooooooon!" que j'ai murmuré tout bas, comme si j'étais témoin impuissant d'un geste odieux commis contre une oeuvre d'art d'un précieux rare. Un "noooooooooooooon" de déception. De crainte.
Pourquoi les bonzes du marketing touchent-ils à Snoopy?
Je suis un immense fan de Snoopy et de ses amis. Premièrement parce que chez moi, pendant 17 ans, j'ai eu sous mon toit un chien, parfois deux, une seule fois trois, en permanence sous notre direction. Un de ses chiens s'est même appelé Snoopy, même si il n'était pas beagle du tout.
Aussi parce que Charlie Brown et ses amis sont des héros d'Amérique. Bon, un anti-héros me direz vous, mais il était beaucoup plus facile de s'identifier aux tourments d'un petit garçon et de son entourage qu'à des gars en costume de spandex volant ou des filles qui se battent en maillot de bain une pièce. Dans la BD de nos jeunesse, les BD venaient principalement d'Europe. Les héros avaient donc des personnalités, des moeurs, des habitudes, des tics de langage, des réalités toutes européennes. Charlie était de chez nous. Et ses problèmes, étaient aussi de chez nous. Il était emo avant l'heure. Continuellement entre le spleen et la crise existentielle. Il devenait facile de s'identifier à Charlie Brown en 1988 quand une jolie fille rousse aux yeux noisette vous brisait le coeur.
Puis, il y avait aussi la candeur toute simple des idées de Charles M. Schulz qui se résumait souvent en quelques petites cases à une réflexion amusante, pas trop criarde, une simple observation candide du quotidien au travers d'un garçon en peu mou, d'une fille un peu raide, de son frère petit frère à la couverte, d'une rousse presqu'imaginaire, d'un génie de la musique, d'une tomboy, d'un garçon un peu sale, d'un chien plein d'imagination (comme moi) et qui avait comme grand ami un petit oiseau jaune.
Finalement, avec les films tournés pour la télévision, il y avait aussi le jazz et la musique classique. Bien que je ne sois jamais vraiment tombé amoureux de la musique classique, le jazz m'est entré dans le corps avec les années. Vince Guaraldi a été choisi pour illustrer en son, l'univers de la bande à Peanuts. Et comme Charlie Brown a pris naissance en 1950 et que 10 ans plus tard, les dessins, les personnage ET le jazz étaient au sommet de leur popularité respectives, le mariage était tout simplement parfait.
Peanuts c'est après tout presque 50 ans d'observations américaines et parmi elle, le jazz qui a grandi au même rythme que les personnages.
L'album de noël du Vince Guaraldi trio, est aussi l'album de noël de Charlie, Lucy, Snoopy, Linus, Schroeder, Pig-Pen, Peppermint Patty et compagnie. Et c'est toujours mon album de Noël préféré quand tombe une jolie neige floconnée.
Bref vous comprendrez de quel confort je pars et avec quelle bouette je flirte.
Parce que j'ai quand même envie de revoir mes amis Charlie et compagnie.
Dès les premières secondes
Trois prises (you're out)
Strike one: Ai-je besoin de souligner que cette chanson est surutilisée?
Strike two: Peanuts c'est l'Amérique des années 50, 60, Baba O'Riley c'est l'Angleterre de 1971.
Strike three: Pete Townshend a-t-il vendu son âme au diable?
Et je ne ferai même pas de parenthèse sur l'utilisation du hip hop, c'est un viol pur et simple.
Le 3D. Pourquoi le 3D?
Pour faire 2016?
Les bonzes du marketing ont pensé qu'il fallait être moderne,
Du 3D pour gonfler les prix au kiosque peu importe l'histoire et l'univers de la bande à Peanuts.
Il n'y a aucune valeur rajoutée à du 3D, Particulièrement pour des gens comme moi qui ne portent pas leur lunettes et qui louchent après 10 minutes d'écoute.
Bref, le film a tout pour me déplaire.
"Oui, mais Jones, il faut aussi être de son époque!"
Ben voilà! Peanuts n'est pas de notre époque!
Charlie Brown n'est pas hip hop!
C'est un peu comme Tintin en 3D.
On faisait avec les moyens de 2010 un film sur un héros des années 30 à 80.
Anachronique.
On aurait pas dû demander à Neil Diamond de faire du pop new wave en 1986.
Et oublier un peu qu'il est aussi l'auteur de Sweet Caroline.
Il fallait lui demander de faire du Neil Diamond.
Mais lisez les commentaires sous le clip. Plusieurs aimeront. Il s'en trouvera toujours.
C'est aussi comme faire du John Lennon hip hop.
Bref c'est ranger les viandes avec le fromage et au congélateur.
Ça ne chill pas pour moi.
Je vais plutôt revisiter Ciné Cadeau.
Même si je manque peut-être quelque chose de beau.
Charles M. Schulz, qui avait écrit qu'il ne souhaitait que personne d'autre ne poursuive son oeuvre après sa mort, doit se grattez le cul dans sa tombe.