Plusieurs études ont déjà suggéré les effets néfastes sur la santé d’une exposition prolongée à la lumière la nuit. Une étude, du Rensselaer Polytechnic Institute (New York), publiée dans la revue Applied Ergonomics a déjà suggéré l’effet perturbant spécifique de la lumière bleue des tablettes mobiles sur la mélatonine ou » hormone du sommeil « . Cette exposition, la nuit, peut causer un dérèglement de notre cycle circadien ou horloge biologique : 2 heures d’exposition entraînent une réduction de plus de 20% des niveaux de mélatonine, et donc un retard et des troubles du sommeil. Enfin, une étude de la Penn a révélé le rôle d’une protéine spécifique, présente dans des cellules spécialisées de la rétine et sensibles à la lumière, la mélanopsine, qui contribue au rythme de notre cycle jour-nuit. Bref, la lumière bleue de ces dispositifs peut avoir un effet perturbateur sur le sommeil, l’horloge biologique et donc l’équilibre métabolique, en cas d’utilisation autour de l’heure du coucher.
Ces chercheurs du service de médecine du sommeil de l’Hôpital pour enfants Evelina de Londres, du King’s College de Londres et de l’Université de Surrey ont étudié tout particulièrement 3 dispositifs, l’iPad Air, le Kindle Paperwhite et l’iPhone 5s, des dispositifs conçus pour être facilement utilisés dans l’obscurité, sans éclairage supplémentaire. Ils ont donc effectué leurs essais dans une pièce sombre, sans modifier la luminosité de l’écran de l’IPad et de l’iPhone par rapport aux réglages standards, mais en réduisant celle du Kindle de 50% conformément à l’avis des participants utilisateurs. Les chercheurs ont mesuré la fréquence et la longueur d’onde de la lumière par spectromètre optique, en cas d’affichage de texte et de jeu (Angry Birds) sur l’écran. Les chercheurs ont également examiné l’efficacité de 2 dispositifs, des lunettes de sécurité orangées et une app pour enfants, appelée Kids Sleep Dr.
Les résultats décrivent le spectre de distribution des pigments photosensibles de la rétine (exprimé en équivalent » α-OPIC » (mesure de l’excitation des photorécepteurs de la rétine). Tous les dispositifs entraînent des pics de lumière bleue similaires lors de l’affichage du texte (environ 445-455nm). L’intensité lumineuse s’avère légèrement inférieure lorsque c’est le jeu Angry Birds qui est affiché.
L’étude confirme ainsi que ces dispositifs produisent bien des pics de lumière bleue, avec pour le texte des niveaux plus intenses que lorsque l’on joue à des jeux du type » Angry Birds « . Les auteurs constatent aussi que des lunettes spéciales de sécurité orange permettent de filtrer une partie de la lumière bleue. Ils relèvent également une app » sommeil « , destinée aux enfants qui permet également de réduire l’intensité de la lumière bleue.
En bref, les chercheurs appellent les fabricants à développer systématiquement un mode nuit qui déplace les émissions de lumière bleue et verte vers le jaune et orange, réduise le rétroéclairage et l’intensité lumineuse. Enfin, ils rappellent aux utilisateurs que la durée et la qualité du sommeil ne dépendent pas d’un seul facteur et qu’il est possible aussi, en améliorant globalement son mode de vie, d’améliorer la qualité de son sommeil.
Source:Frontiers in Public Health October 13 2015 doi: 10.3389/fpubh.2015.00233
OBÉSITÉ: La lumière bleue la nuit aiguise l’appétit–
SOMMEIL: Ces lumières d’écrans qui envahissent nos nuits