C'est bien évidemment dans un état d'esprit particulier que nous nous rendons ma chère et tendre et moi au théâtre Fairmount en ce mardi 17 novembre 2015. C'est le premier. Le premier concert d'après. En ces temps malades où aller voir un show de rock n' roll peut s'avérer mortel, le déplacement prend vite des allures de résistance. Comme un besoin d'exorciser et de se défouler. Et pour le coup, quoi de mieux que Fuzz en live pour chasser le démon ? A ce jour pas grand chose.
Petit rappel pour les retardataires, Fuzz est l'un des nombreux projets du californien prodige Ty Segall, formé en 2011 avec le guitariste et ami de longue date Charlie Moothart et le bassiste Chad Ubovich. Ty, habituellement guitar hero, prend ici le rôle de batteur chanteur, placé au centre de la scène en avant, entre ses deux partenaires. Sur disque, Fuzz est peut-être l'alternative "musclée" au Ty Segall Band, au son encore plus heavy, proche en lourdeur des grands standards du genre qu'ont pu être Deep Purple ou Black Sabbath.
En 2013 sortait donc l'album Fuzz premier du nom (entre douze autres sorties sous le nom Ty Segall) et cette année vient de voir arriver le bien nommé Fuzz II. Et c'est à ce jour l'un des albums rock les plus péchus du cru 2015. Double qui plus est. Et à ceux qui reprochent à Fuzz un manque de "chansons" je réponds que non. "Eathern gate", "What's in my head", "Time collapse/The 7th terror" ou encore "Pipe" figurent parmi les meilleurs morceaux écrits par Ty. Les plus représentatifs de cette recette, qui un peu comme Nirvana en son temps, incruste des mélodies critallines sous un amoncellement de violence et de distorsions.
Et donc ce show, comme l'on s'y attendait, a bien été dantesque. Comment peut-on faire autant de bruit à trois ? Pendant près d'une heure trente, Ty, pour une fois délesté de sa guitare, a prouvé à quel point il est aussi un excellent batteur. Un putain de batteur même. Et Charlie et Chad ne sont pas en reste non plus. Maquillés comme dans la pochette intérieure du vinyle, ces trois là semblent jouent tête dans le guidon ce qui est pour moi le son le plus rock n' roll de 2015. Et Ty Segall d'en devenir le maître actuel incontesté. Le rock et la célébration ont ce soir repris leurs droits face à la furie du monde.
Fuzz il y a 2 ans au Point Ephémère :
Merci à Blue Skies Turn Black et au Théâtre Fairmount pour ce concert