Ça m'énerve quand je me prends dans les dents "toi, de toutes façons, t'es déjà beaucoup trop gentille" avec des sous-entendus tellement forts à la "je te prends pour une grosse poire bien naïve" ou encore "mais tu vis au pays des bisounours ou quoi ?".
Rhaaaaa !
♦ Donc, non. Je ne vis pas au pays de bisounours. Même si je les aime beaucoup et leur trouve beaucoup de qualités, surtout auprès des enfants.
Ce n'est pas de la naïveté de déplorer certaines conditions de travail.
Dans mon cas, par exemple se dire qu'on traite les jeunes enseignants (ou du moins qu'on les traitait à mon époque) comme des pions que l'on peut déplacer d'un bout à l'autre du pays, sans aucune contre-partie, de rentrée en rentrée, sans se soucier de leur vie privée... Effectivement ce genre de pratiques existe également dans le privé. Je ne vois pas pourquoi on devrait fermer sa bouche parce qu'il y a des abus partout, que l'on bosse dans le public ou dans le privé. Qu'est-ce que cela change que vote patron soit Monsieur Y, l'état, ou une grande boîte internationale ? Je ne dis pas que "c'est mieux ailleurs", je dis juste que ce n'est pas normal de vivre certaines situations dans mon travail également. Ce n'est pas parce que les abus et les injustices (osera-t-on parler des différences de salaires homme/femme ?) sont monnaie courante, qu'il faut pour autant les trouver banales et acceptables.
♦Ensuite non. Je ne suis pas une bonne poire.
La gentillesse, la vraie, c'est une forme de générosité et peut être aussi de patience.
Si j'aide une personne dans la rue à se relever après une chute, je trouve ça NORMAL. On ne va quand même pas tracer sa route sans se retourner ! Idem si quelqu'un fait tomber une écharpe, une cigarette, un stylo. Je ne réfléchis pas, je me penche pour ramasser l'objet en question et le rendre à son propriétaire. Ça ne me coûte rien, une fois encore c'est normal pour moi. Au travail, si je ne donne pas des punitions à tour de bras, ce n'est pas parce que je cède devant une bouille pleurnichant pour un peu de pitié, c'est bien plus que je crois à la deuxième, voir à la troisième chance. Les punitions ne sont pas là pour avoir la paix, elles sont là pour apprendre que nos actes ont des conséquences. Je n'ai pas non plus besoin de crier en permanence, de faire une tête grave et menaçante pour être respectée et écoutée. Je récolte bien plus de résultats en m'investissant, en aidant, en écoutant, en expliquant patiemment.
Enfin voilà. J'avais besoin d'écrire et de dire combien je ne me sens pas faible d'être gentille au quotidien . La gentillesse ça ne coûte rien et ça apporte des sourires. Tout comme souhaiter un monde meilleur ne relève pas de la naïveté. Il est tellement plus facile de se dire que tout est pourri et de ne rien faire pour que les choses changent. Je sais bien que malheureusement la nature humaine n'est pas toujours des plus vertueuse, ça ne m'empêche pas de souhaiter qu'elle finisse par s'améliorer au fil du temps.