Tannahill Weavers- Toogenblik - Haren- le 17 novembre 2015
Pierrot et Margaret Destrebecq-King
C'est au Toogenblik que nous passons la soirée de ce mardi pluvieux du 17 novembre, attirés par le magnétisme de l'affiche qui nous ramène vers cette Ecosse séculaire et traditionnelle dont nous sommes follement amoureux. Déjà que la pluie et le vent nous avaient mis dans l'ambiance, nous n'avons pas jugé utile de porter le kilt ou d'emmener notre flasque de whisky, comptant sur la qualité des musiciens pour nous apporter quelques moments de bonheur et nous faire oublier les événements internationaux.
La salle est pratiquement comble et nous trouvons place toutefois assez près de la scène, pas loin d'une petite table où déposer nos verres et nous attendons l'entrée en scène des artistes.
C'est un quatuor composé de Roy Gullane (guitare et lead singer), John Martin (fiddle et backing vocals), Phill Smillie ( flûte et bodhran) et Lorne MacDougall (pipes et flûte) qui monte sur scène vers 21 heures et d'emblée nous entraîne dans une gigue endiablée entamée par la cornemuse suivie de la guitare, du fiddle et du tin whistle. Il n'en faut pas plus pour que la salle se mette à taper des mains et des pieds dans une atmosphère de ceilidh dans un glaswegian pub.
Le groupe est né d'une session à Paisley où ces musiciens se sont rencontrés et ils ont donné à leur groupe le nom d'un poète écossais, Robert Tannahill précisément originaire de Paisley, dans la grande banlieue de Glasgow où se trouvent les racines de ma moitié et une très grande partie de mon cœur.
Robert Tannahill est moins connu que son compatriote, Robert Burns qui lui, jouit d'une popularité internationale au point d'avoir " Sa " nuit célébrée dans le monde entier, la Burns Night où est servi le Haggis en grande cérémonie au son de la cornemuse et où est déclamé le fameux poème de Burns
" Adress to the haggis "( https://www.youtube.com/watch?v=KZ1f2hHPUo4).
Robert Tannahill a écrit énormément de choses entre 1802 et 1810, moment où il a connu une fin tragique. Nombre de ces poèmes ont été mis en musique.
La salle est mise à contribution pour la chanson de Archie Fisher " The Final Trawl " ou le refrain est repris en chœur " Sing haul away my laddie O ".
Pour la chanson " Jamie Raeburn's Farewell ", Roy Gullane nous explique qu'il s'agit d'une chanson montrant le départ de Glasgow du jeune Jamie Raeburn par bateau vers probablement l'Australie qui à l'époque est une colonie pénitentiaire. Il a donc été condamné au bagne pour on ne sait quoi, meurtre ou vol ou simplement pour être un écossais pervers, c'est-à-dire celui qui préfère les femmes au whisky.
Et ainsi nous voilà transportés dans les pubs de Glasgow, par monts et par vaux dans les Highlands, sur les flots houleux et les brumes océanes, perdus dans les îles inhospitalières comme St Kilda, mais aussi enivrés par la chaleur de cette musique qui vous prend le corps tout entier.
Slainte (prononcez " slontje ", santé en gaélique) c'est la pause, donc rendez-vous au bar pour une bonne bière belge avant la reprise par une gigue qui a servi de thème musical pour une publicité pour de la bière en Ecosse.
Suit une romance, Mary Morrison Romance, qui fait dire à Roy que les écossais ne sont pas romantiques, qu'ils ont laissé cela aux français, et de raconter l'histoire de l'écossais qui regardait la télé avec sa femme en dégustant une bière et qui s'exclame à un moment " Oh I love you " Sa femme, surprise lui demande " c'est toi ou la bière qui parle ? " et lui de répondre " c'est à ma bière que je parlais ".
Une autre chanson, " The Great Ships " mentionne les grands navires qui sont sortis des chantiers navals de la Clyde, les paquebots comme le Queen Mary, une industrie qui est pratiquement totalement éteinte actuellement.
L'histoire de l'Ecosse ne peut taire les conflits entre les Jacobites et le gouvernement Britannique qui a donné naissance à de nombreux textes et chansons à la gloire de ces résistants écossais dont bon nombre a émigré vers la France et les Amériques. Nous avons droit à une des chansons Jacobites, très mélodieuse et empreinte de nostalgie.
Le concert se termine et le groupe est bien évidemment rappelé et nous avons droit à ce traditionnel " Auld Lang Syne ", de Robert Burns, interprété non pas comme il est connu mondialement, mais comme il a été conçu par le poète.
Le voyage est fini, la cornemuse s'est éteinte, les derniers accords de guitare ont sonné, le pipeau s'est rangé ainsi que l'archet, la scène est vide mais notre tête est pleine de musique.