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Critique Ciné : Les Anarchistes (2015)

Publié le 18 novembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Anarchistes // De Elie Wajeman. Avec Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos et Swann Arlaud.


L’histoire des anarchistes dans le Paris de 1899 c’est quelque chose qui n’est pas simple à raconter. Mais la France est généralement bonne pour ce qui est des films d’époque, aidée par les bâtiments qui sont encore debout qui servent de parfaits décors. D’ailleurs, d’un point de vue de la mise en scène c’est très soigné, très bien cadré et les décors sont utilisés de façon judicieuse. Côté casting c’est là aussi plutôt pas mal avec un Tahar Rahim convaincant qui démontre encore une fois toute l’étendue de son talent. Ce que j’aime bien aussi avec Les Anarchistes c’est Adèle Exarchopoulos et son côté un peu rentre dedans qui va très bien au film. Mais au delà de tous ces éléments élégants, Les Anarchistes démontre aussi ses faiblesses narratives qui ne permettent pas toujours de se laisser impressionner. En voilà un film étrange tout de même, surtout car il reste ambigu sur ce qu’il défend véritablement. Elie Wajeman, à qui l’on doit déjà Alyah (2011) revient ici avec un troisième long métrage dans la même lignée qualitative. Le réalisateur est d’ailleurs plutôt bon. On peut cependant un peu plus douter de ses talents de scénariste.

Paris 1899. Le brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, est choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Pour lui, c’est l’occasion de monter en grade. Mais, obligé de composer sans relâche, Jean est de plus en plus divisé. D’un côté, il livre les rapports de police à Gaspard, son supérieur, de l’autre, il développe pour le groupe des sentiments de plus en plus profonds.

En effet, à certains moments Les Anarchistes est long et ressemble à une mauvaise fiction française qui aurait voulu étirer un sujet des kilomètres de papier durant. Cela ne veut pas dire que ce qui est raconté est inutile dans le sens où les scènes les plus ennuyeuses sont parfois là pour porter certaines idées et prôner un peu plus les valeurs des personnages. Mais cela ne ressort pas vraiment comme ça tout le temps. On ressent cependant aussi quelque chose d’un peu personnel dans le récit que tente de nous raconter le réalisateur, comme s’il racontait un passage de la vie de quelqu’un qui a connu (ce qui est presque improbable mais qui reste intéressant). J’ai bien aimé ces scènes où l’on entend ruisseler la pluie pendant que Tahar Rahim joue le rôle de narrateur. C’est assez bien fait et je dois avouer que je ne m’y attendais pas forcément. On sent qu’il y a tout de même de bonnes et belles intentions là dessus mais je pense que derrière ce côté louable se cache aussi une volonté de faire des choses différentes. C’est dommage que Les Anarchistes reste un peu trop enfermé dans sa relation amoureuse entre les deux héros. C’est mignon mais ce n’est pas frais, surtout au milieu d’un film de ce genre là.

Les Anarchistes cherche l’intimisme mais semble tout faire tourner autour de cette relation. On parle dans un premier temps du fait que le héros pourrait encore être puceau, puis il se laisse petit à petit pousser dans les bras d’Adèle Exarchopoulos. L’intime a donc une place très importante dans cette histoire et c’est forcément très important. Mais je ne m’attendais pas nécessairement à ce que cela aille dans cette direction, car j’aurais largement préféré un film qui nous propose une vraie réflexion sur des choses différentes (comme par exemple la passion qu’il y a entre les deux héros qui est presque fusionnelle). Mais je ne sais pas trop pourquoi Les Anarchistes laisse une impression de film pas terminé. Finalement, derrière des conventions parfois un peu nécessaire pour faire avancer l’histoire, se cache quelque chose de vraiment intéressant. Le fait est que Les Anarchistes pourrait vraiment être plus fort, plus caractéristique alors que la façon dont est dépeinte l’époque est justement l’un des attraits de ce film. Je suis donc déçu du résultat malgré tout le potentiel que ce sujet pouvait bien voir.

Note : 4.5/10. En bref, un film parfois un peu étrange sauvé en grande partie par son visuel.


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