Sonnée. Comme après une bonne claque. À tel point qu’il m’aura fallu plusieurs jours pour pouvoir pondre quelques mots sur les touches du clavier. Un exercice d’autant plus difficile que ces lignes ne changeront rien à ce qui a pu – et pourrait encore – se passer. Réparer le coeur ; voilà le seul avantage que je tire aujourd’hui de ce billet, car quel impact de simples paroles peuvent-elles avoir sur autant de barbarie ? Plutôt que de rester cloitrée chez moi à pianoter en silence, jamais je n’ai eu tant envie d’aller m’aérer qu’en ce samedi meurtri. Pourtant, ce matin-là, ma rue ne sentait pas le bon pain : le boulanger avait fermé boutique, puisque personne ne serait venu chercher des croissants de toute manière. Les bars voyaient tous le verre à moitié vide. Les hurlements des sirènes ont fait office de réveil, devenus depuis une semaine notre refrain quotidien. Le ciel aurait pu lui aussi faire son deuil de trois jours ; grand bien lui fasse d’avoir retourné sa veste pour inviter les Parisiens à étancher leur soif. Leur soif de vivre bien au-delà du lever de coude, comme en témoigne très joliment ce commentaire d’un lecteur du New York Times.
Si personne ne profite autant de la vie que la France, que reste-t-il de mieux à faire que de croquer la pomme encore plus fort ? Les épargnés continueront de vivre, les endeuillés réapprendront doucement à le faire; pour sourire, rire à nouveau, boire, débattre de bon cœur et surtout ne jamais plier les genoux. Sauf, bien entendu, pour aller s’asseoir en terrasse. Aimer la vie à en mourir : voilà la meilleure réponse que de simples mortels peuvent apporter à la cruauté, en France comme dans ces pays tyrannisés au quotidien et dont personne ne parle plus. C’est pour cette même raison qu’il ne faut pas succomber au « pathos » ou à la peur, car ils n’aideront personne à se relever. Paris pleure peut-être, mais elle est de ces femmes dont les larmes ne gâchent rien à leur beauté. Preuve en sont les messages de soutien et d’amour qui circulent par milliers ces derniers jours. Amour, oui. Évidemment. Mais pas à sens unique. Faut-il vraiment finir victime de ses bons sentiments ?
*Image trouvée sur Internet au copyright Twitter, mais je n’arrive pas à mettre la main sur l’auteur. Si vous retrouvez sa trace, ce serait sympa de le mentionner dans les commentaires pour que je puisse le créditer !