(Éd. Philippe Rey - 2015)
Seize nouvelles brutales et décapantes, parfois insoutenables.
Certes, la prose de Joyce Carol Oates n'a jamais été conseillée en qualité de berceuse mais, en ce qui concerne ce recueil, les enfants auront intérêt à aller se coucher encore plus tôt car, très vite, Oates se montre sans pitié pour eux. Bien entendu, les véritables aficionados en redemanderont. La première tout comme la dernière nouvelle sont peut-être à éviter pour les âmes sensibles... s'il en existe encore.
Oates a superbement disséqué le chagrin et le choc provoqués par la mort de son premier mari Ray Smith en 2008, et il n'est donc pas surprenant que la perte et le deuil soient les thèmes dominants de ce recueil rageur, dur et viscéralement dérangeant, écrit au lendemain du malheur.
On y cherchera en vain la résignation de la veuve : Oates semble déterminée à nous convaincre que la femme en deuil est une sorte de coupable, une victime qui dans un sens mérite tout ce qui lui arrive (et ce n'est pas toujours tendre).
Mais même si la démonstration pèche par un rien d'excès, quel bonheur de lecture que ces pages qui font tomber les idoles et les clichés avec une santé, une énergie - et une plume - d'une jeunesse éblouissante.
« Carthage