Passionné d’aéronautique, Ariel Seidman veut favoriser l’adoption des drones grâce à une carte de navigation adaptée.
Les cartes de navigation numérique ont profondément modifié notre rapport au monde. Il est désormais possible de visualiser, avec un grand niveau de détail, quasiment n’importe quel endroit du globe depuis son ordinateur ou son smartphone, ce qui reconditionne entièrement notre rapport au monde, à la géographie et à l’inconnu. En outre, ces cartes numériques offrent la possibilité de calibrer avec précision ses trajets, de planifier son itinéraire en fonction de critères temporels ou géographiques, et de jongler entre différents moyens de transports disponibles, véhicules individuel, vélo, transports en commun… Plus que jamais, la carte détermine notre rapport au territoire.
Les cartes englobent aujourd’hui la plupart des moyens de transport à notre disposition. Les drones, vus par beaucoup comme l’une des innovations majeures du début du siècle, en sont cependant exclus, notamment parce que leur adoption massive n’est pas encore à l’ordre du jour, ne serait-ce que pour des raisons légales. Néanmoins, la mise en place d’outils de navigations adaptés ne permettrait-elle pas justement de favoriser leur développement ? C’est du moins l’avis d’Ariel Seidman. Ce passionné d’aéronautique vient de dévoiler au public son dernier projet, Hivemapper, une carte de navigation conçue entièrement pour les drones. « Google Maps est un outil formidable pour conduire ou se déplacer à pied, mais un drone a des besoins complètement différents. En voiture, le trafic routier est une donnée primordiale, alors qu’il ne l’est pas du tout pour un drone. En revanche, la disposition des immeubles et des lignes électriques l’est. » explique-t-il.
Une modélisation du monde adaptée aux drones
La carte offre ainsi une modélisation du monde en 3D incorporant les différentes variables susceptibles de perturber le vol des drones : immeubles et lignes à haute tension, donc, mais aussi arbres, tout type de véhicules, présence de « no fly zones », etc. Sur le principe popularisé par l’application de navigation Waze, les utilisateurs peuvent également enrichir la carte, en indiquant la présence d’obstacles temporaires (ballons, hélicoptère…). Accessible gratuitement, l’application fonctionne avec les modèles de drones les plus répandus, selon Ariel Seidman. Elle est pour l’heure disponible uniquement aux Etats-Unis, où sont recensés vingt millions de bâtiments, quinze mille no fly zones, ainsi qu’un grand nombre de données en tous genres. Le but étant de tester et améliorer l’application sur le sol américain avant de l’étendre ensuite à d’autres pays du globe.
Les drones, bientôt partie intégrante de notre quotidien ?
Passionné par le monde de l’aviation, Ariel Seidman confie s’être lancé dans ce projet avec la conviction que les drones peuvent susciter une nouvelle vague d’innovations dans l’industrie aéronautique, où la recherche n’est plus aussi dynamique qu’elle le fut autrefois. « A de nombreux égards, nous volons encore comme les gens volaient dans les années 1950. Les avions sont devenus plus rapides, leur intérieur s’est modernisé, mais le travail des pilotes est resté peu ou prou le même depuis des années. »
Selon lui, les drones se généraliseront très vite lorsque le public constatera leur utilité : « Si l’on regarde, ne serait-ce que le transport de marchandises : de plus en plus de personnes font leurs achats en ligne, et la tendance n’est pas près de s’inverser. Il n’y a tout simplement pas assez de véhicules pour assurer la livraison de ces produits de manière traditionnelle, c’est pourquoi nous allons avoir besoin des drones. Et s’ils effraient aujourd’hui de nombreuses personnes, les choses devraient changer lorsqu’on réalisera qu’un drone peut vous livrer votre colis en une vingtaine de minutes pour, disons, un dollar. » développe-t-il. « Je pense que d’ici cinq ans, chaque grande compagnie fera usage des drones pour une raison ou une autre, de la même manière qu’aujourd’hui, aucune entreprise ne peut fonctionner sans un ordinateur. » Le gouvernement américain est censé proposer une nouvelle législation sur les drones d’ici la fin 2015.