L'écriture délicate et sensible d'Harold Cobert s'accorde parfaitement à ce récit. Le lecteur s'attache au personnage de Philippe qui essaie de s'en sortir et de rester digne dans un monde dont il ne connait pas les règles. L'auteur nous plonge dans le quotidien d'un sans domicile fixe, confronté au regard fuyant des passants, obligé de faire la manche dans le métro, dans une lutte permanente pour survivre et dormir malgré le froid. En empathie avec Philippe, le lecteur comprend le sentiment de honte qui l'habite, l'isolant de sa famille et de ses amis et l'éloignant de sa petite fille Claire, dont il a été séparé et qu'il lui tarde de retrouver.
Un hiver avec Baudelaire rappelle qu'il est toujours possible de passer entre les mailles du filet " Sécurité sociale " et, surtout, qu'il suffit d'un rien pour que tout bascule. Ce roman a le mérite d'interpeller le lecteur, parce que l'on se rend compte que les efforts de Philippe ne sont pas suffisants pour lui permettre de se sortir de la précarité. Finalement, le seul salut provient des associations qui aident les plus démunis en fournissant nourriture, vêtements, abris et conseils. Pour Philippe, cela passera aussi par des rencontres déterminantes avec une jeune fille dans un square ou un couple de commerçants. Sans oublier Baudelaire, le compagnon de galère, grâce à qui le quotidien sera moins difficile à vivre.
Un récit touchant et juste, qui rappelle l'équilibre précaire de nos vies et la nécessité de s'entraider. Un très beau roman.
Un hiver avec Baudelaire - Harold Cobert - Editions Héloïse d'Ormesson - 2009Du même auteur: