Les morues – Titiou Lecoq

Par Moglug @Moglug

Ce que j’aime le plus lorsque l’on m’offre un livre, ce n’est pas tant l’objet lui-même que la part d’eux-mêmes que mes amis ont choisi de partager en m’offrant le-dit livre. Ils ont beau se retourner les méninges pour deviner ce qui me ferait le plus plaisir ou conviendrait le mieux à ma situation du moment, ils ne peuvent que difficilement lutter contre leurs propres attirances littéraires. Et c’est ainsi qu’ils bousculent les habitudes, me font grogner, me déstabilisent et le plus souvent me font bien rire. En effet, si j’ai un goût prononcé pour la « littérature des profondeurs », celle-qui-extirpe-et-expose-à-tout-vent-les-âmes-désespérées-de-leurs-auteurs – devinez mon air grave et concentré un tantinet ridicule derrière l’écran – mes amis, heureusement pour moi, ont l’esprit plus léger et l’humour plus facile. Et c’est ainsi que j’ai pu expérimenter pour ma toute première fois la chick lit’ ! :D

Les morues, premier roman de Titiou Lecoq, se lit à une vitesse démesurée pour ses 400 pages. En suivant les aventures de trois copines : une descendante de marquise, une journaliste et une barwoman, et un homme, surdoué complexé masquant son intelligence par un emploi de secrétaire qu’il a obtenu en effaçant ses diplômes de l’ENS de son CV. Bref un sacré quatuor brusquement confronté au suicide d’une amie commune, Charlotte. Titiou Lecoq nous entraîne alors dans le quotidien de ceux qui restent. Sur le ton de l’humour, elle aborde des sujets de société franchement variés, parfois graves, un peu politiques : féminisme, viol, restriction des budgets publics, et puis aussi et surtout l’amour et ses revirements, les questionnements qu’il entraîne pour des trentenaires loin d’être casés, encore adolescents, adultes par la force des choses.

Si j’ai souvent pesté contre la légèreté avec laquelle certains sujets sont abordés, contre le féminisme outrecuidant de ces demoiselles, contre le sexisme caricatural de ces messieurs, contre le style oral franchement simplifié, j’ai aussi parfois été surprise par la justesse des problèmes ciblés, finalement extrêmement proches de notre quotidien et rarement assumés. Et surtout, j’ai ris plus d’une fois devant ces personnages attendrissants, devant ses scènes qu’il fallait oser écrire, ce pas de côté par rapport à la réalité. Ni tout à fait plausible, ni complètement farfelu.

Une drôle de lecture en somme. Une jolie bousculade et un bon moment partagé !


Les morues – Titiou Lecoq
Le Livre de Poche, 2013, 408 p.


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