Comme je le soulignais récemment, les opportunités que représente l'utilisation de drones n'échappent pas aux compagnies d'assurance. Désormais, elles stimulent aussi la création de startups aux modèles aussi séduisants qu'originaux, à l'image de Fluttrbox et son offre de cartographie à la demande et « crowdsourcée ».
Si, parmi les premières expérimentations (entre autres chez Allianz), la surveillance de sites difficilement accessibles, après un sinistre, semblait une évidence, il ne fallait pas beaucoup d'imagination pour envisager le survol d'une installation (plutôt commerciale ou industrielle) de manière à évaluer le risque qu'elle représente pour un assureur. Le seul frein possible à une telle application est, naturellement, le coût logistique de l'opération. Or, c'est justement sur ce point que l'approche de Fluttrbox fait la différence.
En effet, la plate-forme en ligne de la jeune pousse permet de solliciter le passage d'un drone afin d'établir un plan détaillé et collecter des mesures quantitatives sur un lieu donné (partout au Canada ou aux États-Unis). Il devient alors non seulement possible d'obtenir un relevé de l'état d'un site avant la conclusion du contrat et après l'éventuelle survenue d'un sinistre, mais également lors des renouvellements de police, dans le but, par exemple, d'ajuster les garanties selon le vieillissement des structures.
Pour l'assureur, les bénéfices sont considérables en comparaison des options dont il dispose actuellement (visites, accès au données cadastrales…). Il a d'abord la garantie d'avoir des informations précises (grâce à la qualité des caméras embarquées sur les drones) et récentes (régulièrement actualisées, le cas échéant, tout en conservant la totalité de l'historique). En outre, celles-ci sont accessibles partout et à tout moment, via le web, faisant de la sorte gagner un temps précieux aux utilisateurs.
Comment Fluttrbox peut-elle assurer un tel service de manière viable, à l'échelle d'un continent ? Après tout, maintenir une flotte de drones et la tenir prête à survoler – relativement rapidement – n'importe quel lieu suppose une infrastructure colossale, n'est-ce pas ? La réponse est en réalité très simple : l'entreprise ne possède aucun appareil en propre ! Tout comme Uber avec ses conducteurs, elle a recours à un réseau (pré-qualitfié) de pilotes disséminés aux quatre coins de l'Amérique du Nord.
En pratique, Fluttrbox prend en charge uniquement l'acquisition des licences nécessaires pour effectuer des vols à vocation commerciale. Dès lors, quand une demande de cartographie lui est soumise, elle la transmet immédiatement à l'un de ses « sous-traitants » proches de la zone visée. À l'issue de sa mission, celui-ci va transmettre les images brutes qu'il a capturées, qui sont ensuite re-travaillées et analysées par la startup et, finalement, envoyées au client avec toutes les données souhaitées.
Au-delà de la théorie, la startup annonce le lancement imminent d'une première expérimentation commerciale avec une compagnie d'assurance. Un nouveau mode d'évaluation du risque et des dommages est probablement en train de naître…