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Hiroshige

Publié le 17 novembre 2015 par Aelezig

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Utagawa Hiroshige(né en 1797 à Edo, ancien nom de Tokyo, et mort le 12 octobre 1858 à Edo) est un dessinateur, graveur et peintre japonais. Il se distingue par des séries d'estampes sur le mont Fuji et sur Edo, dessinant de façon évocatrice les paysages et l'atmosphère de la ville, en reprenant les instants de la vie quotidienne de la ville avant sa transformation à l'ère Meiji (1868-1912). Auteur prolifique, actif entre 1818 et 1858, il crée une œuvre constituée de plus de 5400 estampes.

Il est avec Hokusai, avec qui on le compare souvent — pour les opposer — l'un des derniers très grands noms de l'ukiyo-e.

Ses séries les plus connues, Les Cent vues d'Edo, Les soixante-neuf stations du Kiso Kaido et surtout Les cinquante-trois stations du Tokaido rivalisent en notoriété avec la célèbre série de Hokusai, Les trente-six vues du mont Fuji. 

Hiroshige se fait l'humble interprète de la nature, qui, à l'aide des moyens frustes de la gravure sur bois, sait exprimer comme à travers « une fenêtre enchantée » les délicates transparences de l'atmosphère au fil des saisons, dans des paysages où l'homme est toujours présent. Sa mise en page est saisissante. Ces œuvres se caractérisent par la maîtrise subtile des couleurs franches — avec la domination du vert et du bleu — et son sens du premier plan.

Peu après la réouverture forcée du Japon aux échanges avec l'Occident, c'est principalement à travers l'œuvre d'Hiroshige que le monde découvre vers 1870 l'étonnante originalité des arts graphiques dans ce pays. Le « japonisme » aura une influence déterminante sur les peintres impressionnistes et ensuite sur l'Art nouveau.

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Les divers noms d'Hiroshige

Les artistes japonais de l’ukiyo-e utilisent en général plusieurs noms différents au cours de leur vie. Le peintre Hokusai en est sans doute l'exemple le plus connu, lui qui utilisera plus de cinquante-cinq noms différents tout au long de sa vie, changeant de nom d'artiste à chaque nouvelle œuvre importante.

Dans le cas d'Hiroshige, il utilise tout d'abord son véritable nom, Ando Tokutaro. Puis, comme il est d'usage, il change plus tard de prénom, pour prendre celui de Juemon. Utagawa Hiroshige est ensuite le nom qu'il reçoit en 1812, un an seulement après avoir rejoint l'école Utagawa tant qu'élève d'Utagawa Tohyohiro, pour y prendre le nom d'artiste Hiroshige. Ce nom d’Hiroshige, sous lequel il passera à la postérité, est formé du deuxième caractère hiro du nom de son maître Toyohiro, suivi par la « lecture alternative » shige du premier caractère Ju de son prénom Jumon.

Mais il reçoit à cette époque une sorte de nom d'atelier, Ichiyusai, qu'il modifiera en 1830-1831 en en changeant l'une des syllabes, pour prendre le nom de Ichiryusai. Il abrègera parfois plus tard ce nom en Ryusai. Enfin, comme c'est la tradition pour l'élève le plus talentueux d'un atelier, il reprend le nom de son maître à la mort de celui-ci, et utilise donc aussi le nom de Toyohiro II.

Ces « jeux » sur les noms au sein d'une école témoignaient à la fois de la volonté de perpétuer le nom du maître, de lui rendre hommage tout en faisant montre d'humilité à son égard (en retenant le deuxième caractère de son nom plutôt que le premier), et enfin d'utiliser chaque nouveau nom comme un programme, que l'on pouvait modifier en fonction des différentes périodes de sa vie pour agir comme une sorte de bon augure.

Biographie

Les éléments relatifs à sa biographie avant son entrée à l'atelier de Toyohiro sont à prendre avec précaution, les diverses biographies disponibles présentant des versions légèrement différentes.

Hiroshige nait dans la caserne de pompiers de Yayosugashi, à Edo, où travaille son père Ando Genuemon en qualité d'officier de brigade. La famille d'Hiroshige est titulaire d'une charge héréditaire de pompiers, vraisemblablement celle d'inspecteur de la brigade du feu dans la caserne d'Edo. La caserne est située au cœur d'Edo, dans l'actuel quartier de Marunouchi, non loin du château du shogun Tokugawa et de son gouvernement, dont elle est chargée de la surveillance.

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Il perd ses parents très jeune et presque simultanément : d'abord sa mère, et un an plus tard, son père. Hiroshige a alors quatorze ans. Son père venait, après trente-cinq ans de service, de lui léguer sa charge un an avant sa mort, en 1809. Charge que le peintre tient jusqu'à ses vingt-sept ans, moment où il la lègue à son tour à Nakajiro, son fils ou son oncle (la parenté exacte n'a jamais pu être établie). Il a tenu sa fonction de pompier sans trop de difficultés dans la mesure où la caserne ne doit protéger du feu que le château du shogun. Ce qui lui laisse du temps pour sa passion : le dessin.

À partir de dix ans, ce serait Okajima Rinsai (1791-1865) qui lui aurai appris la peinture traditionnelle.

On sait que, par la suite, il a essayé d'entrer à l'école de Utagawa Toyokuni (1769-1825), un des maîtres de l'estampe au début du XIXe siècle, et a été refusé, car Toyokuni a déjà trop d'élèves. En revanche, à quatorze ans, il est accepté dans l'atelier d'Utagawa Toyohiro (1773-1828), qui est à l'origine du développement de l'estampe de paysage et où il apprend  y apprit les styles Kano et Shijo. Un an après (en 1812), il est honoré du nom de pinceau d'Utagawa Hiroshige. Et en 1828, à la mort de son maître, il reprendra l'atelier sous le nom de Toyohiro II.

Jusqu'en 1829, il se consacre principalement aux portraits, tout comme ses prédécesseurs avant lui : femmes, acteurs, guerriers.

Mais la mort de Toyohiro, et le fait qu'Hokusai ait déjà ouvert la voie de la peinture de paysage en en faisant un genre à part entière, va lui ouvrir de nouvelles perspectives. La demande devient forte pour les représentations de paysages.

Il commence sa carrière de paysagiste avec Lieux célèbres de la capitale de l'Est en 1831-1832, mais c'est sa série Les cinquante-trois étapes de la route du Tokaido qui le lance et lui vaut la célébrité immédiate en 1833-1834.

Ce recueil de cinquante-cinq estampes représentent les cinquante-trois étapes qui relient Edo, la capitale du shogun, à Kyoto, la ville impériale. L'édition Hoeido des Cinquante-trois stations est le bestseller de l'ukiyo-e avec un tirage de plus de 10.000 exemplaires. C'est l'ouvrage le plus connu de Hiroshige et il a souvent été reproduit ou imité depuis. Devant le succès, d'autres versions verront le jour, certaines ne représentant que quelques stations.

À cette époque, dans les années 1830, le commerce et la circulation à travers le pays se développent rapidement. Les pèlerinages à Ise, à Shikoku, ainsi que les voyages d'agréments prennent de l'ampleur, d'autant plus que les contraintes gouvernementales deviennent moins pesantes. Mais surtout la ville de Kyoto fait l'objet d'une admiration grandissante. Hiroshige est donc arrivé au moment propice. À cela, il faut rajouter l'attrait nouveau pour les peintures de paysages, et ce en partie grâce à Hokusai.

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À partir de cette période, il multiplie les voyages et les vues de paysages célèbres

Dans sa deuxième partie de carrière, il utilise davantage le format oban en présentation verticale, et la profondeur de champ en plaçant les personnages au tout premier plan pour créer des repères spatiaux. Il utilise beaucoup le style fukibokashi permettant les dégradés de couleur. Dans de nombreuses estampes polychromes, on peut remarquer l'utilisation du bleu de Prusse, ce qui lui valut d'ailleurs le surnom d'Hiroshige le bleu.

Hiroshige a été marié deux fois. Sa première femme meurt en octobre 1839, alors qu'il a quarante-trois ans. Il prend pour deuxième femme la fille d'un fermier du village Niinomura dans la province du Yenshu. 

À la fin de sa vie, pas pauvre, mais pas excessivement riche non plus, il vit dans une habitation de cinq pièces, s'inquiétant jusqu'au bout de savoir s'il pourrait rembourser certaines dettes contractées. Sans doute n'est-il pas vraiment attiré par l'argent ou ne sait-il pas le gérer. On a dit d'Hiroshige qu'il était épicurien, mais les seules choses sûres que l'on sait sur cet aspect de son caractère est qu'il aime les repas à l'auberge lorsqu'il voyage et qu'il apprécie le saké.

Hiroshige meurt du choléra le 12 octobre 1858, l'épidémie tuant environ vingt-huit mille autres habitants d'Edo. 

Hiroshige restera toujours fidèle à Edo, sa ville natale. Évidemment, il ne se contentera pas de ne voyager qu'à l'intérieur d'Edo. De mai à décembre 1841, il se rend dans la région de Kai, en 1852, dans les provinces de Kazusa et d'Awa, et en 1854, il est envoyé une deuxième fois en mission officielle à Kyoto.

Hiroshige n'a pas beaucoup de temps à consacrer à la transmission de son talent et à la formation de jeunes élèves. Il pense aussi que les étudiants en art doivent apprendre par eux-mêmes.

Néanmoins, il en a quelques-uns, dont :

  • Suzuki Morita (1826-69), son fils adoptif et époux de sa fille. Il prend le nom d'Hiroshige II de 1858 à 1865, puis après ceux de Shigenobu ou Ryûsho. Il participe certainement à l'élaboration de certaines estampes du maître, dont certaines de Cent vues de sites célèbres d'Edo.
  • Ando Tokubei, plus connu sous le nom d'Utagawa Hiroshige III (1843-1894) qui ne laisse pas de traces marquantes par ses œuvres.

En haut à gauche : portrait d'Hiroshige par Kunisada

D'après Wikipédia


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