QUELQUES EXTRAITS DE SPINOZA
« Par substance, j'entends ce qui est en soi et se conçoit par soi, c.-à-d. ce dont le concept ne requiert pas, pour être formé, le concept d'une autre chose. Par attribut, j'entends ce que l'intelligence perçoit de la substance comme constituant son essence. Par modes, j'entends les affections de la substance, c.-à-d. des choses qui sont dans d'autres choses par lesquelles elles sont aussi conçues. »
Cette preuve que Dieu – substance indivisible, infinie, nécessaire et sans cause – est la seule substance de l’univers est éblouissante par son économie et son efficacité, et elle présente la beauté simple propre à une déduction logique bien construite. Tout d’abord, établir que deux substances ne peuvent partager le même attribut ou la même essence. Ensuite, prouver qu’il existe une substance aux attributs infinis (c’est-à-dire, Dieu). En conclusion, il découle de cela que l’existence de cette substance infinie exclut l’existence de toute autre substance.
Car s’il devait y avoir une deuxième substance, elle aurait quelque attribut ou essence. Mais comme Dieu a tous les attributs possibles, l’attribut que posséderait cette deuxième substance serait l’un des attributs déjà possédés par Dieu. Mais il a déjà été établi que deux substances ne peuvent avoir le même attribut. Donc il ne peut y avoir, en plus de Dieu, d’autre substance.
Si Dieu est la seule substance, et que tout ce qui est, est soit une substance soit en une substance, alors tout le reste doit être en Dieu. « Tout ce qui est est en Dieu et rien ne peut sans Dieu ni être ni conçu ».
COMMENTAIRES
La science physique, rejoint le questionnement métaphysique voire théologique lorsque, s’aventurant dans le domaine des causes premières, elle entrevoit dans le big bang l’origine première et la CAUSE du déploiement de l’univers.
Nous avons pour notre part envisagé comme cause première l’étendue infinie de la substance de l’espace ou prématière d’où le tout de la matière de l’univers est issu. Notre démonstration se fondait sur l’idée que cette substance première ne saurait être issue d’une autre substance et se devait donc d’être incréée. Nous rejoignons ainsi les conclusions de Spinoza mais sur un mode différent. Selon lui, Dieu étant la seule substance de l’univers ayant tous les attributs possibles, deux substances ne peuvent partager le même attribut ou la même essence.
Par deux voies différentes, nous parvenons à la même conclusion : la nécessité comme cause première d’une « substance indivisible, infinie, nécessaire et sans cause ». Mais nous nous séparons de Spinoza lorsqu’il identifie cette substance ET la nature à Dieu :
« L’intuition fondamentale de Spinoza est que la Nature est un tout indivisible, substantiel et sans cause externe – en fait, c’est le seul tout substantiel. En dehors de la Nature, il n’y a rien, et tout ce qui existe est une partie de la Nature et est amené à l’existence par la Nature selon une nécessité déterministe. Cet être unifié, unique, productif et nécessaire est tout simplement ce que l’on entend par « Dieu ».
En effet, qu’est-ce que la nature sinon la totalité de la matérialité ? Aussi deux concepts gouvernent la démonstration de Spinoza : celui de substance infinie et celui de nature dont il s’agit d’analyser les articulations.
Si le Dieu est substance infinie, indivisible, et sans cause, on ne saurait la rabattre sur la notion de nature comme matérialité. Dès lors la substance spinoziste est vide de contenu physique, elle recouvre le pur concept d’un Dieu abstrait et le matérialisme de Spinoza est purement relatif. En effet, comment s’articulent les rapports entre cette substance et ses modes ? « Par modes, j'entends les affections de la substance, c.-à-d. des choses qui sont dans d'autres choses par lesquelles elles sont aussi conçues. »
Que sont donc ces modes de la substance sinon les diverses manifestations matérielles de la nature ? Il faut que ceux-ci se déduisent, s’extraient, de cette substance possédant quelques propriétés « réelles » car dans le cas contraire, ces modes seraient issus du néant. Pour éviter cette aporie, il faut donc que cette substance entretiennent des rapports d’engendrement avec la matérialité et pour cela doit posséder quelque « réalité » physique.
Il est donc nécessaire d’attribuer à cette substance une réalité physique ou plus exactement une préréalité qui la fait demeurer ici et maintenant dans sa permanence éternelle et incréée. Par-là s’impose la notion de prématière dont nous avons ici détaillé les propriétés : celle d’une substance insécable constituant le contenu et le contenant de l’espace et qui se manifeste à nous par l’existence des ondes électromagnétiques.
Ps : Et pour nos amis religieux et croyants, nous pourrions aussi bien assimiler cette prématière « réelle » au Dieu de Spinoza