007 SPECTRE éclaire par faisceaux toutes les zones d’ombre des missions remplies jusqu’alors par l’acteur Daniel Craig. La suite directe de Skyfall sonde les douleurs fantômes (La mort de nombreux personnages clefs.) en se plongeant dans les arcanes spectrales de la saga James Bond. 007 SPECTRE a beau être un récit inédit, l’organisation SPECTRE, elle, naît en négatif du plus élégant agent secret du MI-6.
Le spectre définit aussi et surtout une décomposition complexe rationnelle : un but précisément souhaité pour le probable antépénultième aventure de Daniel Craig. D’une élégance rare, à l’aide d’une photographie artistement accomplie par Hoyte Van Hoytema, (Egalement directeur de la photographie d’Interstellar, entre autres.) le scénario ourdi à même d’être le lien entre les précédents 007 sous l’égide d’un visage connu dans Casino Royale (2006) manque de finitions pour approcher la perfection. Actuellement mal aimé par une critique quasi unanime, 007 SPECTRE réussit à moderniser un personnage tout en prenant appui sur une myriade de références, au service discret du style James Bond et des précédents films de la saga …
Art spectrum
(c) EMPIRE MAGAZINE. La première scène représente environ 10 minutes proches de la perfection. 10 minutes muettes débutées sur une référence à Live and Let Die pour le costume du Baron Samedi.
Dans 007 SPECTRE, l’agent Bond agit pour son compte aux quatre coins du monde (Mexico – Londres – Rome – Autriche – Tanger – Londres) contre l’organisation internationale SPECTRE, elle aussi suffisamment renseignée et structurée pour menacer bien plus que le Royaume-Uni. En raison des références et des révélations de l’épisode SPECTRE, vous porterez un regard sensiblement différent en ayant visionné Casino Royale, Quantum of Solace puis Skyfall : enfin, l’espion Bond met un nom sur un mal invisible affronté, sans le nommer, depuis des années. SPECTRE expose un scénario intéressant tout en manquant de détails dans les lignes de son dénouement : ces déficits résultent, probablement, du souci de retourner aux origines du style James Bond (Un cahier des charges lourd.) tout en désirant rajeunir un personnage et le grand genre du film d’espionnage.
James Bond, cet espion qui ne meurt jamais, esquive souvent les difficultés d’une datation pour s’inscrire dans un contexte généralement identifié. A escient, 007 SPECTRE use de toutes les propriétés d’un plan séquence (Un plan qui se veut unique.) en donnant l’illusion d’une action en temps réel. Durant 10 minutes d’introduction impressionnantes bien que presque muettes, la caméra suit un personnage costumé (Référence à Baron Samedi dans Vivre et laisser mourir.), identifie le héros, suit un espion équilibriste et athlétique prêt à agir, micro d’écoute et arme à feu à la main.
A l’exemple des 10 minutes d’introduction, le style abonde dans ce 007 SPECTRE. Un style assumé qui peut paraître désuet aux yeux d’une grande part des spectateurs.
Dans ses costumes Tom Ford, 007 et les autres protagonistes baignent dans un récit stylisé à même d’atténuer le machisme qui à la peau de la saga, d’estomper l’usage de gadgets sophistiqués … voire d’engendrer des imprécisions dans la narration. En devenant proche d’un James Bond littéraire au plus près de l’imaginaire du spectateur grâce à un minima d’objets (1 seul ainsi qu’une Aston Martin.), un tête à tête superbe dans un train en marche pour l’Orient, une femme-enfant redoutable (Interprétée par Léa Seydoux) et un vilain manipulateur tapis dans l’ombre, 007 SPECTRE assume son classicisme avec une élégance admirable.
L’abondance d’effets de style et les références disséminées plairont ou horripileront. De là dépend, en partie, le charisme nécessaire pour des interprétations justes qui ne parviennent pas toujours un maintenir un rythme constant. Après un premier acte en apothéose, le deuxième souffre d’une course poursuite traditionnelle essoufflée, moins impressionnante que dans ses ambitions folles, tandis que le troisième fragment accumule les ellipses douteuses. (La disparition de Léa Seydoux au coeur d’une mission et son kidnapping quasi consécutif.)
Casino Royale agaçait, la faute à des longueurs soporifiques. Skyfall dégageait une esthétique agréable et corrigeait en partie ce défaut. Si, pour beaucoup, 007 SPECTRE ne constitue pas « le » meilleur épisode, il mérite amplement de figurer parmi les épisodes coups de coeur.
Pudibonderies.
Classique, parfois simplifié, certes, mais un épisode plaisant.
La malice du scénario, l’idée d’une ramification finale ramenée à un personnage manipulateur central, n’atteint pas l’efficacité escomptée quitte à se perdre dans des sommets kitsch voire, à certains instants, des moments ridicules par leur abus. Difficile, sauf erreur, de comprendre l’émerveillement du vilain Blofeld face à une météorite placée théâtralement au milieu d’une salle obscure. (James Bond intervient pour nous ôter les mots de la bouche.) La scène de torture fleure bon les machinations des années 1960 en soumettant notre infaillible agent à un trouble total de ses sens … grâce à une perceuse ultra-précise ! Quelques minutes plus tard, un hélicoptère, un seul, attend promptement notre héros prêt à s’envoler sans soupirer vers une nouvelle destination, une nouvelle mission.
Malgré tout, les quelques éléments en tension convainquent à condition d’accepter le caractère classique du film. A commencer Madeleine Swann (Jouée par Léa Seydoux) qui est l’une des James Bond Girls les plus passionnantes, l’idée d’une concentration maléficieuse des renseignements dans la main d’un seul personnage ou la volonté de reléguer la légalité et l’existence du programme 007 au passé … Le film aurait pu gagner en estime en évitant quelques scènes banales qui ont le défaut d’être inopportunes et propres à couper l’action. (Explosion théâtrale du repère de Blofeld, Madeleine Swann à Londres …)
Visuellement, 007 SPECTRE mérite d’être revu. Pour ses références, pour le soin visuel et pour le plaisir qu’il peut procurer.
007 SPECTRE a un caractère scolaire en comptant sur vos références sur l’univers James Bond, terriblement classique et joue une part d’improvisation tout en faisant partie des épisodes les plus visuels. A défaut d’être terriblement accessible et excellent, le quatrième James Bond de l’ère Daniel Craig parvient à un équilibre qui, à bien des moments, se révèle plaisant. Quitte à ne s’adresser qu’à une frange minime des spectateurs.
On a détesté :
– La chanson d’introduction par Sam Smith : un supplice.
– Un rythme irrégulier de l’action.
– Des ellipses curieuses.
On a aimé :
+ Des scènes mémorables par leur esthétisme. (Au moins deux plan séquences, les scènes de train …)
+ Un hommage et une modernisation du personnage de James Bond.
+ Une justesse globale des acteurs.
+ Le lien entre SPECTRE et nombreux autres James Bond.