La basilique de Sainte-Marie-Madeleine, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, achevée en 1532 est le plus important édifice religieux de style gothique bâti en Provence. Elle est classée sur la liste des monuments historiques de 1840. L'extérieur ne paie pas de mine, car partiellement détruit et reconstruit, mais l'intérieur est à voir.
Selon la tradition, Marie-Madeleine, soeur de Marthe et de Lazare, grande amie de Jésus, fuyant les persécutions d'Hérode, aurait trouvé refuge en Provence en compagnie de son frère et de sa sœur. Après avoir débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), elle aurait occupé pendant trente ans une grotte du massif de la Sainte-Baume pendant qu'elle évangélisait la Provence. À sa mort, elle aurait été ensevelie à Saint-Maximin. Devenu célèbre son tombeau, qui se serait trouvé dans la crypte actuelle de la basilique, sera gardé par des moines cassianites (disciples de Saint Cassien) venus de l'abbaye de Saint-Victor à Marseille. Au VIIIe siècle les invasions sarrasines obligent les religieux à combler la crypte qui abritait le tombeau afin de mettre à l'abri les précieuses reliques.
Le souvenir de cette sépulture ne s'étant pas perdu, le prince de Salerne, le comte de Provence Charles II fait entreprendre en 1279 des recherches pour retrouver les reliques de sainte Marie-Madeleine à laquelle il voue une grande dévotion. Ces recherches aboutissent à la découverte d'une tombe paléochrétienne, la crypte actuelle, contenant des ossements qui auraient appartenu à la sainte. Charles II se rend en avril 1295 auprès du pape Boniface VIII apportant avec lui les procès-verbaux rédigés par les évêques de Provence authentifiant sa découverte. Il obtient du pape des bulles qui accordent des indulgences aux visiteurs et certifient l'authenticité des reliques. Cette confirmation était d'autant plus précieuse que la Basilique de Vézelay affirmait posséder le corps de Marie-Madeleine. Le pape décide également de confier la garde de Saint-Maximin et de la Sainte-Baume aux frères prêcheurs de Saint Dominique au lieu et place des moines de l'abbaye de Saint-Victor.
Charles II décide de faire construire sur les lieux mêmes de la découverte du tombeau, une basilique et un couvent de dominicains. En 1320 le chevet et la dernière travée sont terminés. Les quatre travées suivantes sont réalisées de 1330 à 1345. L'entrée de la crypte se situe alors en dehors de l'église. En 1404 l'abside et les cinq dernières travées de la nef sont terminées. Jean II le Meingre dit Boucicaut, maréchal de France, décide pour couvrir la crypte de faire édifier la partie nord de la quatrième travée ; la crypte est alors nivelée à hauteur du sol de la nouvelle basilique.
Les travaux reprennent sous Louis XII en 1508. Les travaux de la quatrième travée sont repris et terminés en 1513. Les trois premières travées sont achevées en 1532 après quelques interruptions dues notamment à la peste. L'inscription gothique du XVIe siècle, au revers de la façade rappelle ces étapes.
La basilique subit de nombreuses dégradations au cours du temps. La cause essentielle des désordres dont souffre l'édifice est l'eau qui s'infiltre par les couvertures, par les dispositifs d'évacuation des eaux pluviales et par les joints des murs. Elles affaiblissent les appuis en lavant les mortiers des blocages internes. Elles modifient les conditions d'équilibre des voûtes et les arcs pèsent plus lourd, donc poussent davantage en écrasant les pierres atteintes, souvent masquées par des ragréages déjà faits au XIXe siècle.
Le programme de mise hors d'eau et de confortation structurale a alors été entrepris. La façade occidentale inachevée depuis 1530 a été confortée en 1986-1987.
Le maître-autel en marbre jaspé du pays est décoré de deux médaillons en bronze doré. Au-dessus est placée une urne en porphyre rouge à la base de laquelle sont placées deux petites sculptures également en bronze doré. Une statuette de Marie-Madeleine surmonte le tout. Cette urne a été apportée de Rome en 1635 par le général des Dominicains Nicolas Ridolfi pour recevoir les ossements de Marie-Madeleine. Étant donné que le transfert des reliques devait se faire avec une grande solennité, il fallut attendre l'année 1660 avec l'arrivée de Louis XIV et de la Cour en Provence. Le roi arrive le 4 février 1660 à Saint-Maximin pour prendre part à la fête avec le reine mère, son frère unique et une nombreuse suite. Le 6 février a lieu la cérémonie célébrée par l'archevêque d'Avignon Dominique Marini.
Toutes les reliques qui étaient enfermées dans l'urne ont été profanées en 1793 et brûlées ; celles exposées dans la crypte ont été mises à l'abri par de pieux fidèles pendant la Révolution et reconnues comme authentiques en 1803 par Jean Antoine Rostan, prieur de l'époque.
Reliquaire
La crypte se présente sous la forme d'une salle rectangulaire voûtée orientée nord-sud, donc perpendiculaire à l'axe de la basilique. Il s'agit probablement d'un caveau paléochrétien du IVe siècle primitivement revêtu d'un revêtement décoratif soit tout en marbre, soit en marbre et en enduits peints. Elle constitue le cœur de la basilique. Le double escalier qui y conduit a été réalisé au XVIe siècle mais n'a fait que remplacer l'escalier primitif. La voûte actuelle n'est pas d'origine mais a été refaite à l'époque de la construction de la quatrième travée au XVe siècle. Au fond de la crypte, dans la paroi sud, est creusée un alvéole dans lequel est placé le reliquaire de sainte Marie-Madeleine.
Celui-ci contient un crâne qui selon la tradition serait celui de Marie-Madeleine. Un tube de cristal scellé à ses deux extrémités est attaché au reliquaire ; il contient le « Noli me tangere » (Ne me touche pas) lambeau de chair ou de tissu osseux adhérant à l'os frontal de la sainte où Jésus aurait posé ses doigts le jour de la résurrection. Ces ossements font partie de ceux découverts au cours des fouilles réalisées par Charles II. Ils étaient contenus dans un reliquaire d'or et d'argent avec une couronne d'or et de pierreries. Ce reliquaire et tous les autres de la basilique ont disparu à la Révolution. Le reliquaire actuel a été sculpté en 1860.
La crypte renferme également quatre très beaux sarcophages ; celui de Marie-Madeleine, ceux de Sainte Marcelle et des saints innocents et celui de Saint Sidoine. Tout contribue à situer ces œuvres vers la fin du IVe siècle.
Des fouilles réalisées en 1993 au sud immédiat de la basilique ont mis au jour un complexe religieux datant du début du VIe siècle composé d'une église à laquelle était accolé un baptistère. Vers l'an mil cette église primitive est reconstruite et agrandie au détriment du baptistère ; restaurée vers 1200, elle devait être encore en place lors de la découverte des reliques présumées de Marie-Madeleine... le mystère reste entier...
Visitée en 2015
D'après Wikipédia