L’infection à Mycoplasma genitalium (MG) peut provoquer des maladies urinaires et génitales chez les hommes et les femmes, avec des symptômes de type saignements après le rapport sexuel et urétrite (inflammation de l’urètre). Si MG a été identifié dès 1981, cette étude britannique nous révèle 3 informations importantes: le taux d’infection (en population britannique) est supérieur à 1%, l’infection peut rester latente sans déclencher de symptômes, enfin l’infection semble bien s’apparenter à une infection sexuellement transmissible (IST). Le point, dans l’International Journal of Epidemiology sur cette nouvelle IST qui aurait déjà touché des centaines de milliers de personnes au Royaume-Uni.
L’infection à MG est déjà bien documentée. Elle peut entrainer ces symptômes de saignements ou urétrites, mais dans de nombreux cas aucun symptôme. Il reste à préciser si MG peut conduire à la stérilité.
Cette nouvelle recherche transversale a regardé si l’infection à MG pouvait être transmise sexuellement et a cherché à préciser ses facteurs de risque associés. Les chercheurs de plusieurs instituts britanniques ont analysé les données de 8.047 répondants à l’enquête nationale britannique Natsal-3 (National Survey of Sexual Attitudes and Lifestyles), interrogés sur la période 2010-2012 en face-à-face, sur leur vie sexuelle, leurs antécédents d’IST et leurs éventuels symptômes apparentés.
Les participants ont également fourni un échantillon d’urine.
L’analyse constate que :
· Un peu plus de 1.100 hommes (1,2%) et femmes (1,3%), âgés de 16 à 44 ans avaient une infection à MG.
· Aucun test chez les hommes âgés 16 à 19 ans n’a été constaté positif à MG,
· la prévalence culmine à 2,1% (1,2 à 3,7%) chez les hommes âgés de 25 à 34 ans.
· la prévalence culmine à 2,4% (1,2 à 4,8%) chez les femmes de 16 à 19 ans, puis diminue avec l’âge.
· Les facteurs associés à l’infection à MG sont :
· l’ethnie noire (odds ratio ajusté (AOR) 12,1),
· vivre dans les zones les plus défavorisées (AOR 3,66),
· l’augmentation du nombre total de nouveaux partenaires,
· de rapports sexuels non protégés.
Aucune infection n’a été détectée chez des participants sans aucune expérience sexuelle.
Ø94,4% des hommes et 56,2% des femmes infectés à MG ne signale aucun symptôme de type IST au cours du mois précédent.
Les saignements vaginaux après le rapport sexuel sont fréquents chez les femmes avec MG (et symptômes) (AOR 5,8), vs non infectées; cependant la fréquence des autres symptômes constatés avec l’infection à MG (inflammation et/ou douleur pelvienne, pertes vaginales anormales ou dyspareunie – douleur pendant les rapports sexuels). Au-delà des symptômes chez certaines personnes infectées, l’étude révèle une prévalence de milliers d’adultes infectés sans aucun symptôme et donc sans le savoir, ici au Royaume-Uni, mais très probablement dans d’autres pays. L’étude renforce également la preuve que MG est une IST et suggère qu’elle peut donc aussi être une MST. Si les effets à long terme de l’infection à MG restent à préciser, il s’agit donc de prévenir l’infection comme on le fait pour les autres IST.
Source: International Journal of Epidemiology November 3 2015 doi: 10.1093/ije/dyv194Epidemiology of Mycoplasma genitalium in British men and women aged 16–44 years: evidence from the third National Survey of Sexual Attitudes and Lifestyles (Natsal-3) (Visuels Human Reproduction)
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