FAITS DIVERS > Attentats à Paris : l’ensemble de la politique française responsable ?

Publié le 16 novembre 2015 par Fab @fabrice_gil
Plusieurs auteurs du carnage perpétré dans la salle de concert du Bataclan auraient déclaré, selon des témoins : "C’est la faute de François Hollande, c’est la faute de votre président, il n’a pas à intervenir en Syrie", il faut ici rappeler quelle a été la réalité de la politique française dans son ensemble, avant et depuis le début du conflit en 2011.

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"Même pas peur" ? Rassemblement place de la République à Paris, dimanche 15 novembre 2015 ©PATRICK KOVARIK / AFP PHOTO

La république française, comme le révèle le président François Hollande dans un entretien réalisé avec Xavier Panon, journaliste de politique étrangère, grand reporter et ancien rédacteur en chef RMC puis BFMTV, a en effet fourni des armes aux "rebelles" syriens dés 2012. Par l’intermédiaire de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), ce sont des canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles anti-chars qui auraient été livrés à ces mêmes rebelles dits "modérés", en violation de l’embargo mis en place dés l’été 2011 par l’Union Européenne. Un conseiller de l’Elysée admet aussi auprès du journaliste : "Oui, nous fournissons ce dont ils ont besoin, mais dans la limite de nos moyens et en fonction de notre évaluation de la situation. Dans la clandestinité, vous ne pouvez agir qu’à petite échelle. À moyens limités, objectifs limités." La France a-t’elle également envoyé des forces spéciales sur le terrain destinées à la formation et au soutien opérationnel des combattants ? Difficile de la savoir. Mais en mars 2012, treize officiers français ont été capturés par l’armée syrienne, lors de la reprise du califat islamique instauré dans le quartier de Baba Amr à Homs, par la brigade Al-Farsouq et Al-Waleed. Cette dernière a rejoint les rangs de Daesh. François Hollande, cité par nos confrères du journal Le Monde a encore confié en août 2014 : "Nous ne devons pas relâcher le soutien que nous avions accordé à ces rebelles qui sont les seuls à participer à l’esprit démocratique". Alors que le président Syrien Bachar-al-Assad a déclaré à maintes reprises qu’il n’existait pas de rebelles "modérés" sur le terrain, nous sommes en droit de nous interroger sur la véritable nature des groupes rebelles soutenus et armés par l’état français depuis 2012. Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré sur le sujet en 2012, que le Front Al-nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, "faisait du bon boulot"… Une plainte de victimes syriennes des groupes rebelles a d’ailleurs été déposée à l’encontre du ministre français auprès du tribunal administratif de Paris pour "les fautes personnelles commises par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans ses fonctions".

Dans un rapport daté de 2012 l’agence de renseignement militaire américaine (DIA) avançait déjà que le soutien aux rebelles dits "modérés" profitait en réalité essentiellement à Daesh. Selon le directeur de l’agence, le général Michael T. Flynn, soutien indirect des Etats-Unis et de la coalition occidentale à Daesh "était une décision intentionnelle". Sur le rôle trouble de la coalition occidentale entre Irak et Syrie, différents éléments factuels montre encore aujourd’hui le soutien et la collaboration opérationnelle de la Turquie, et des Etats-Unis avec différents groupes jihadistes. Ces différents éléments montrent clairement que la coalition occidentale, dont fait partie la France, a mené une politique de soutien à divers groupes jihadistes en Syrie, dans l’objectif est de renverser le président Bachar-al-Assad, sous couvert de la fiction de l’aide apportée à des groupes fictifs de rebelles dits "modérés". La véritable nature de ces prétendus groupes rebelles a été récemment mise en lumière par l’intervention russe, entraînant un déchaînement de protestations de la part des chancelleries occidentales au motif que les frappes aériennes auraient visé les rebelles soutenus par l’Occident. Cependant, les groupes frappés par l’aviation russe appartenaient à l‘Armée de la Conquête (coalition militaire se composant de nombreuses factions rebelles islamistes syriennes, groupe formé le 24 mars 2015 et soutenue par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie). Il est fort peu probable que le soutien de l’exécutif français aux groupes jihadistes syriens soit dénoncé au regard de la vague d’attentats inqualifiables qu’à connu le pays. Il constitue pourtant son aboutissement logique et prévisible. Le chaos auquel a été réduite la Syrie et la prolifération des groupes jihadistes sont en effet le résultat direct de la politique étrangère française au Proche comme au Moyen-Orient.
Le gouvernement et la classe politique, à quelques exceptions près, se retranchent une fois de plus derrière l’émotion et l’injonction à "l’unité nationale". Pourtant, les mêmes qui aujourd’hui ont décrété l’état d’urgence et le rétablissement des contrôles aux frontières s’engageaient déjà, il y a quelques semaines, à participer à l’accueil des migrants syriens, au nom de principes humanitaires, et ce malgré les réserves de l’agence de coopération européenne Eurojust qui affirmait que le trafic clandestin entretenait des liens étroits avec les organisations terroristes en Syrie : "C’est une situation alarmante parce que nous voyons clairement que le trafic est destiné à financer le terrorisme et que les passeurs sont utilisés parfois pour mener des infiltrations par les membres de l’Etat Islamique". Si comme le dit François Hollande, Nicolas Sarkozy et d'autres parlementaires, la France est "en guerre » aujourd’hui, elle le doit logiquement et pour l’essentiel aux incompétences de la plupart des derniers exécutifs en date de la Vème république et aux incohérences criminelles de la politique étrangère française qui a soutenu et armé les groupes jihadistes, ayant plongé la Syrie dans le chaos.
Pour l'heure, la vague d’attentats ignominieux, sans précédent, qui a touché la Capitale vendredi soir aurait fait, selon un dernier bilan, 129 morts. Les personnes décédées ont déjà été chiffrées dans ce macabre décompte a-t-on précisé à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Sur 80 blessés en urgence absolue, accueillis dans une dizaine d'hôpitaux parisiens, 42 sont toujours en service de réanimation. L'Assistance Publique n'est toutefois pas en mesure de donner un bilan global des décès, n'ayant recoupé que les données concernant les personnes admises dans ses établissements, notamment La Pitié Salpetrière, HEGP, Saint-Antoine, Lariboisière et Henri Mondor. FG