La fille d'une amie me disait que la nouvelle lubie à l'école ces temps-ci, chez les filles de 6e année était de... ne pas manger leur lunch!
Hein?
Eh oui, il parait que les jeunes filles picossent quelques bouchées dans les plats glissés dans leur boîte à lunch, mais ne mangent presque rien. Par choix. Par habitude. Par imitation.
Problématique, aussi. Inquiétant, tout autant.
Malgré qu'elles mangent peu, ses amies salivent devant ses plats. Ou
peut-être salivent-elles devant son appétit? Elles aimeraient «aimer»
manger elle-aussi. Mais elle n'y arrivent pas. En 6e année. Elles ont faim, mais suivent une mode assez idiote lancée par on-ne-sait-trop-quoi. Les diktats de la beauté et de la minceur? Peut-être. Mais aussi par la perte du plaisir au profit de la raison et des conventions.
Manger ne devrait pas être un problème. Ni une mode. Et en plus, on devrait aimer manger. Ce n'est pas qu'un acte nécessaire, c'est un réel plaisir.
«Mange ton lunch!» qu'elle leur dit. «Ouin, mais le tien a l'air meilleur!». Et ça reste ainsi. Et les petites se plaignent d'avoir faim tout en continuant de ne manger comme des oiseaux.
C'est d'une tristesse sans nom. C'est inquiétant. C'est troublant.
Et c'est difficile aussi de l'expliquer à nos enfants tout en sachant qu'ils ne sont pas à l'abri non plus.
Et dire qu'on s'inquiétait quand ils chignaient devant de la purée de courge? On était loin de se douter que manger pouvait devenir si complexe. Des fois, la réalité nous bouleverse.