Une tranche de vie

Publié le 13 mars 2008 par Journalvernois

Dans un billet précédent Je décrivais un dimanche difficile. Mais si les jours se suivent tous ne se ressemblent pas
Mardi 19-02: Après le travail routinier ( le pansage ) Michel vient me retrouver. On a décidé d’aller “faire la goutte”, c’est-à-dire d’emmener les fruits fermentés (des poires) à l’alambic ambulant. Après avoir pris un café on charge les fûts sur le 4×4 et nous voilà partis pour Montmort. La campagne est belle sous ce soleil magnifique de février. On commente le paysage qu’on connaît peu, avec ses fermes, ses troupeaux qui passent l’hiver dehors sur des terrains vallonnés et sains. Arrivés sur place, on retrouve l’ambiance habituelle, incomparable ,les arômes de fruits portés à ébullition qui se mélangent à l’odeur de la fumée qui se dégage des foyers des alambics chauffés à bonne température. Autour du traditionnel canon de blanc ou verre de gnôle de bienvenue on parle de tout et de rien, de récolte de fruits, d’alcool, de gabelous……… On regarde fonctionner ces drôles d’engins. La matinée est vite passée.
De retour à Vernois c’est un autre épisode de la vie campagnarde qui m’attend: sortir les jambons du saloir. Autre travail, autres arômes. IL n’est pas facile de décrire ce parfum de saumure aromatisée par le poivre, l’ail, l’oignon, le thym, etc…..Après un rinçage au jet pour enlever le sel encore accroché à la viande, les jambons ont belle façon. Je les pends au soleil, exposés au vent du sud très doux ce jour-là.
Pour les faire sécher, j’ai opté depuis des années par l’immersion des jambons dans la chaux vive. De cette façon je n’ai jamais de problème de conservation. Après le repas je vide la caisse de la chaux fusée, de l’année précédente. Je l’épands dans le jardin potager. Les jambons ont bien ressuyé. Ils ont l’air prometteurs avec leur couenne dorée sur laquelle cristaux de sel brillent au soleil. Je les installe dans la caisse et les recouvre de chaux vive. Ils seront parfaitement secs d’ici quelques mois et on devrait se régaler.
Il faut croire que c’était un bon jour . Quand j’entre dans l’écurie c’est pour y découvrir un beau veau né depuis quelques instants. La vache a du avoir du mal car il est de belle taille; mais quand ça veut bien aller…… Au moins celui-la ne m’aura pas pris beaucoup de temps à m’en occuper.
Quand je sors de l’étable des cris inhabituels mais caractéristiques me font lever les yeux vers le ciel. Un groupe désordonné de grands oiseaux migrateurs tournoie au-dessus de la ferme. Chantal qui les observe à la jumelle depuis un moment me dit que ce sont des cigognes. Et quand je les vois se rassembler derrière leur leader en un magnifique V aux branches inégales, prendre le cap nord, nord-est et disparaître en quelques instants je me dis que viens d’assister à un spectacle qu’il n’est pas donné à tout le monde de voir. Et je pense que comme dit Ziala dans un commentaire qu’ il’y en a qui sont plus mal lotis.
Cependant il ne faut pas rester à rêvasser l’heure du pansage du soir arrive. Malgré ce travail qui m’attend je crois que je viens de passer une journée que beaucoup doivent m’envier. C’est comme ça la vie à la campagne ou plutôt dans la campagne.

A bientôt.