Noël au balcon, Pâques aux tisons. La prédiction se réalise. Il n’a jamais fait aussi mauvais de l’hiver: du froid, de la neige, du vent et des pluies abondantes, l’Arroux qui déborde sur les prés et les terres saturées d’eau. Du coup pas moyen de mettre les animaux au pré. Ce n’est pourtant pas l’envie qui m’en manque. Habituellement, mâles et femelles d’un an, génisses de 2 ans ,taureaux sont déjà sortis depuis le 15 mars. Les stocks de fourrage baissent, ça devient inquiétant. Je compte et recompte les balles de foin qui restent pour me rassurer. Je pense pouvoir tenir un bon mois. D’ici fin avril la situation devrait se décanter.
Les 2 semaines avant Pâques les naissances ont connu un rythme soutenu; c’était tous les jours ou presque, et parfois plusieurs accouchements dans la journée ou la nuit bien sûr. Je ne sais plus où mettre les jeunes veaux . Cela m’arrangerait bien de libérer quelques places. Le coté positif, c’est qu’il ne reste plus que 10 vaches à vêler dont 6 pour bientôt . Il y a longtemps que je n’avais pas vu ça. J’ai du déjà le dire, mais depuis 2003 les vêlages s’étaient fortement retardés dans le temps.
Pâques aux tisons, Pâques dans les écuries, ça ne rime pas mais c’est comme ça. Je ne me suis pas aperçu que c’était un week-end de fête, avec en prime un accouchement inhabituel. La dernière génisse à vêler, sans aucune préparation préalable, “perd les eaux” le dimanche après-midi; heureusement je m’en aperçois à temps. Je vois bien que ce n’est pas normal, et par une fouille sommaire car je peux à peine passer la main, je sens qu’il arrive 4 pattes avant mais pas de tête. Contre toute attente elle va accoucher de jumeaux mais j’ai besoin d’ un véto. Après une investigation approfondie, la jeune femme opte pour les sortir par la voie naturelle plutôt que par césarienne. Le passage s’est légèrement agrandi mais Caroline doit pratiquer une épisiotomie et on réussit à sortir 2 jolis mâles bien en vie (moi qui pensais à un avortement). Ensuite il faut suturer, recoudre à l’intérieur, pas facile! A la fin la mère n’est pas belle à voir. Il faut dire qu’elle avait fortement maigri durant les jours précédant la mise-bas. C’est ce qui à du précipiter l’accouchement.
Mais après ça se complique. Le lendemain les jumeaux attrapent une septicémie, antibio, réhydratant, etc…… 2 jours après rechute. Re-véto, perfusions, piqûres, et la vache qui n’a pourtant pas un goutte de lait fait une mammite sévère (antibio, anti-inflammatoire). Je n’ose imaginer la facture !
Aujourd’hui les jumeaux sont encore mal, je les élève au lait reconstitué. La vache semble mieux aller, je l’ai mise au pré. Et devinez quoi, lors de ma ronde de nuit j’ai trouvé 2 jumelles nées tranquillement, qui semblaient m’attendre pour que je les donne à lécher à leur mère impatiente.
On dit qu’une hirondelle ne fait pas le printemps mais trois ? Elles sont arrivées cette semaine et m’accompagnent matin et soir pendant le pansage. Le soir elles dorment bien au chaud au-dessus des vaches. J’ose espérer que c’est de bonne augure.
A bientôt