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Vêlages

Publié le 13 avril 2008 par Journalvernois

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A mon grand soulagement la saison des vêlages tire à sa fin. De février à fin mars,début avril il faut être disponible en permanence. C’est de la réussite des naissances que dépend en grande partie le revenu de l’éleveur. Là encore ce billet s’adresse plus aux gens qui ne vivent pas de l’élevage bovin.
Sachant qu’une vache porte 285 jours, si on l’a vue forniquer avec le taureau au printemps on connaît à peu près la date du terme, mais la durée de gestation peut varier de plusieurs jours (pour la charolaise: mini 269 j, maxi 305 j ). Les mouvements de lune ont beaucoup d’influence sur le moment de la mise-bas. Mais c’est à l’oeil que l’on voit que celle-ci s’approche. Dans la quinzaine qui précède le grand jour, la mamelle gonfle, la vulve se détend, s’agrandit. On dit qu’elle se prépare.
A partir de ce moment je ne relâche plus la surveillance. J’augmente le rythme des visites si bien de jour que de nuit. Certains éleveurs emploient la télésurveillance, d’autres la méthode de la température. Il faut la pendre à la vache plusieurs jours avant la date présumée et quand la fièvre chute d’environ 1° la naissance intervient dans les heures qui suivent. Un autre signe qui ne trompe pas, la vache se lèche (Chantal dit que c’est pour se faire belle pour accueillir l’ enfant), elle s’intéresse aux autres veaux, les appelle. Ensuite quand survient le travail (moi je dis les coliques) la vache nerveuse piétine,se tortille se lève, se couche de nombreuses fois.
Dans la race à viande qu’est le charolais le vêlage est souvent délicat. Il faut être vigilant. Souvent je trouve le veau né sans assistance, parfois entrain de se débattre dans un mélange de déjections et de liquide amniotique. Pas beau à voir! Je le saupoudre copieusement de sel fin pour encourager la vache à le lécher.
Si je suis présent au début des coliques,dès qu’apparait la première poche de liquide amniotique (généralement bleutée) j’aime bien me rendre compte par une fouille si tout est normal. Le foetus doit se présenter les pattes avant les premières,la tête légèrement en retrait, posée sur celles-ci. Mais parfois le veau peut se présenter avec une patte repliée, la tête en arrière. Ilpeut se presenter à l’envers, sur le dos ,il faut alors le retourner, ou encore le train arrière le premier. Trois ou quatre pattes annoncent des jumeaux. En général je peux remédier à ces petites anomalies. Mais en début de semaine une vache avait une torsion de matrice et il m’a fallu le véto. Il n’a pas pu la réduire et cela s’est terminé par une césarienne.
Si la vache ne peut l’expulser seule, je dois l’aider en tirant le veau à l‘aide de la vêleuse. Il ne faut pas trop se presser, laisser se faire le travail,commencer à tirer au moment opportun, (pas facile à déterminer: trop tôt ou déja trop tard ? ) tirer quand la vache pousse. Mais il arrive de me faire de belles frayeurs car je ne peux pas deviner la taille du veau. Les épaules peuvent très bien passer, le veau s’engager et le bassin bloquer, et là c’est chaud! Ne pas s’affoler,(pas facile si le veau gueule) attendre, le passage se fait toujours mais c’est la vache qui “déguste”.Si le veau est sorti jusqu’au bassin (je dis pris au flanc) il peut attendre un certain temps. Mais à un certain moment, il faut bien le sortir ce veau. J’encourage la vache à pousser (un peu pour me rassurer) et moi je tire, je tire très fort. Je suis toujours épaté par la résistance du veau à la traction. C’est très désagréable, stressant et épuisant pour moi. Et cela peut se terminer très mal si bien pour la mère que pour l’enfant. Une fois dans ma carrière j’ai vu le véto obligé de découper le veau en morceaux à l’aide d’une scie-fil pour le sortir. Pas beau à voir!
De toute façon, il faut toujours se remettre en question, ne rien laisser au hasard, être prêt à toute éventualité,réagir rapidement, efficacement, être prêt à la réanimation: suspendre le veau par les pattes arrières pour lui faire rendre les glaires ingurgitées accidentellement, administrer un stimulant respiratoire (quelques cc dans la gueule ou les narines) ou un toni-cardiaque et bien sur de l’ eau très fraîche sur le crâne. Il ne faut pas oublier la vache, la faire relever rapidement. Cela peut éviter qu’elle n’expulse la matrice (prolapsus utérin) et je la sangle par sécurité.
Je pense vous avoir décrit une partie du travail hivernal d’un éleveur naisseur,mais j’aurais encore beaucoup à dire. Je ne peux cependant pas vous faire partager le plaisir de réussir un vêlage difficile récompensé par un beau veau, ni le moment de solitude quand le nouveau-né crève dans la vêleuse, ni le moment de colère quand je trouve le veau mort derrière la vache parce que la poche des eaux lui est restée collée sur le nez. Je suis persuadé que dans tels cas la chance ou la malchance ont une grande importance.

A bientôt


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