13 novembre

Publié le 15 novembre 2015 par Lana

Je ne suis pas victime, je connais seulement des gens qui connaissent des gens qui sont morts.

Je ne suis pas française, mais nous sommes tous visés.

J’ai pleuré et je vais reprendre ma vie, comme tous les jours, j’irai travailler, écouter de la musique, lire et dormir tranquillement.

Je ne suis pas victime mais j’ai peur. Oui, je dis que nous avons le droit d’avoir peur, de pleurer, de crier, de regarder dans le vide, d’être sous le choc.

Je n’aurai pas peur au coin de la rue, où peut faucher la mort. Je n’aurai pas peur dans le métro, où peut exploser une bombe. Je n’aurai pas peur au quotidien, non, je vais continuer à vivre, mais j’ai peur quand même, quelque part au fond de moi. Peur de la mort terroriste et surtout peur de la haine. Peur de la haine de Daech et surtout peur de la haine dans le coeur de mes concitoyens.Peur de cette haine qui se déverse sur les réseaux sociaux, peur qu’elle se déverse dans la rue.

Je sais le mal que font les amalgames, en tant que schizophrène. Je sais ce que c’est que d’être considéré comme un meurtrier potentiel. Je ne demanderai jamais à quelqu’un de se désolidariser de l’horreur parce qu’il partage avec le coupable une religion, une maladie, une couleur de peau. Cette caractéristique commune n’en fait pas un coupable, n’en fait pas un complice, n’en fait rien d’autre qu’une personne effondrée devant l’indicible comme nous tous. J’aimerais que tous le comprenne, pour ne plus avoir peur.


Classé dans:Réflexions personnelles