La biopsie liquide du LCR, obtenu par ponction lombaire, est d’abord moins invasive et moins risquée pour le patient que les procédures traditionnelles utilisées pour extraire des prélèvements de tissus cérébraux. Cette étude apporte non seulement la preuve de concept de l’efficacité de cette approche dans le cancer les métastases du cerveau mais révèle que l’analyse de l’ADN tumoral circulant dans le LCR peut venir aussi compléter le diagnostic de la carcinose leptoméningée ou cancer qui s’est propagé jusqu’aux méninges.
De la biopsie solide à la biopsie liquide : L’identification de chaque type de tumeur en fonction de sa composition moléculaire individuelle permet la personnalisation du traitement. Cette identification se fait aujourd’hui par extraction de tissu tumoral du cerveau par biopsie ou chirurgie. Des approches non sans risque et qui ne permettent pas toujours d’accéder à une partie représentative de la tumeur. La technique de la biopsie liquide, actuellement objet de recherches, permet, quant à elle de détecter ces mutations spécifiques et représentatives à partir d’un échantillon de plasma (ou de LCR) et de l’analyse de l’ADN tumoral circulant. La biopsie liquide de plasma s’est ainsi déjà révélée utile dans les cancers du côlon, du sein et du poumon. Les avantages de la biopsie liquide, sous réserve d’être suffisamment signifiante à l’analyse sont multiples : moins de risque pour les patients, meilleure détection des mutations, personnalisation du traitement, suivi plus facile de l’évolution de la maladie.
Appliquée au cancer du cerveau, la biopsie liquide présente un avantage de taille, celui de pouvoir accéder à l’ensemble de l’ADN de la tumeur, via l’ADN circulant. Cependant, les taux circulants de l’ADN de la tumeur pour les tumeurs cérébrales sont très faibles dans le plasma. Les chercheurs ont donc pensé au liquide céphalo-rachidien, qui baigne le cerveau et la moelle épinière, et est en contact direct avec les cellules tumorales. L’équipe constate, dans le LCR des niveaux d’ADN tumoral circulant suffisamment élevés pour être détecté et pouvoir caractériser les tumeurs avec un degré élevé de sensibilité.
Le cas du glioblastome récurrent » : Alors que ce type de tumeur cérébrale maligne, à la fois courante et agressive réapparaît toujours avec le temps, la biopsie liquide représente une alternative diagnostique précieuse à la biopsie tissulaire traditionnelle peu indiquée en cas de tumeur récidivante. La biopsie liquide permettrait de suivre de manière plus continue la réponse clinique, explique Josep Tabernero, chef du Service d’oncologie médicale de l’hôpital universitaire Vall d’Hebron.
Le cas de la carcinomatose leptoméningée : Dans ce cas, le liquide céphalo-rachidien permet de mieux identifier les mutations, améliore la stratification fondée sur le profilage génétique, facilite un meilleur suivi, toujours moins invasif des patients.
Les métastases, ou cause la plus fréquente de décès par cancer du cerveau sont 10 fois plus fréquentes que les tumeurs primaires. Les patients atteints de métastases cérébrales ont tendance à présenter un mauvais pronostic et ne répondent généralement pas aux traitements. Les métastases cérébrales évoluent de manière indépendante et développent des altérations génétiques non identifiées au niveau de la tumeur primaire. Un traitement utilisé pour la tumeur primaire ne fonctionnera donc généralement pas contre les métastases. Ainsi, là encore, la biopsie liquide du LCR va permettre l’identification de ces altérations génétiques et permettre de meilleures décisions thérapeutiques, personnalisées.
Cette piste de la biopsie liquide pour les tumeurs du cerveau ouvre également la voie à l’identification de biomarqueurs qui vont permettre de mieux détecter, diagnostiquer et suivre progression des cancers du cerveau. « C’est donc aussi un outil précieux pour qualifier les patients, évaluer leurs pronostics, suivre de près l’évolution de leur maladie et leur réponse au traitement « . Une avancée qui apparaît fondamentale, donc, dans le diagnostic et le traitement des tumeurs cérébrales. Et d’autres cancers bien sûr.
Source: Nature Communications (In Press) via Eurekalert (AAAS) 10-Nov-2015 Liquid biopsy of cerebrospinal fluid for more effective policing of brain tumors (Visuel NIH)