Vers la fin de “Echoes of silence”, le film de Peter Emanuel Goldman, il y a un plan très beau. Etrange. Court. 5 secondes. Une femme habillée de blanc, se tient debout. Dos au mur. La caméra la filme en plongée. Elle émerge de l’obscurité dense de la rue. Elle se détache. Elle en blanc. La rue en noir. Elle a sa main gauche posée sur sa hanche. Dans une pose langoureuse. Elle est en robe. Manche courte. C’est une nuit d’été. A son poignet gauche elle porte une montre. Elle ne sait pas qu’elle est filmé. Elle est adossé au mur d’un porche. Elle attend. Peut être est ce une prostituée ? Elle attend. Son corps est attente. Son corps a une certaine nonchalance dans sa pose. Oui c’est une prostituée. Certainement. La caméra la filme en plongée. Elle la filme à son insu. En plongée. Tout a coup. Comment le sait elle ? Elle tourne sa tête vers la caméra, un bref instant. On découvre son visage. Son beau visage. Son regard. Son beau regard. Cette femme est belle. Extraordinairement belle. Elle a une robe avec des fleurs imprimées. C’est un film des années 60. Elle a des cheveux courts. Elle regarde la caméra. Un bref instant. Un bref instant, on dirait quelle sourit. Elle regarde la caméra. Surprise. Puis son regard se baisse. Comme honteuse que l’on la filme ainsi. Dans l’attente. Elle a des cheveux courts qui laisse sa place, toute la place , a son visage. A son regard. Elle baisse la tête et pivote sur son côté droit, pour entrer sous le porche. Se cacher. Se soustraire au regard. De la caméra. Pour disparaître. Elle nous laisse qu’un profil. Une ligne d’elle même. Une tache blanche de souvenir. J’aimerai la retenir. La connaître. Etre la nuit qui l’enveloppe. Être la pellicule dans laquelle son image est imprimée. Retenue. Embaumée.
Parfois je la revois.