Kraftwerk - Le Silo (Marseille) - 12/11/15

Publié le 15 novembre 2015 par Oreilles

A peine 24 heures avant qu'il ne devînt potentiellement mortel de se rendre dans une salle de concert, et dans un timing très serré (ach, rikeur chermanik), nous sommes dans la place au moment même où les rideaux s'ouvrent lentement au son guttural de "Mensch Machine".
Devenus rares ces 20 dernières années et spécialement en France en dehors de quelques performances dans des prestigieuses venues (musées, expositions), les quatre de Düsseldorf, vrais créateurs de l'electronica moderne, s'offrent une série de dates françaises en ce second semestre 2015.
Performance 3D, c'est donc équipe de sa paire de lunettes ad hoc que le spectateur assiste deux heures durant à une série de thèmes et de hits créés lors des quarante dernières années par le mythique quarteron de la Ruhr. Prenant tout d'abord la forme d'une relecture thématique par albums  - une série Computer World, une autre Man Machine, avec un impressionnant" Spacelab" digne du Grand Hall de la Villette - Kraftwerk, emmené au vocoder par son démiurge restant - Florian Schneider a lâché son compère en 2009 - revisite et actualise un répertoire riche d'hymnes à la technologie, parfois brillamment revisités ("Radioactivity" qui égrène les différentes catastrophes nucléaires récentes), "Autobahn", "Les Mannequins", "Trans Europ Express", "Techno Pop", "Tour de France")
"Trans Europ Express" démontre au passage toute son efficacité déjà expérimentée en sample lors d'un set de DJ Shadow et Cut Chemist, avec son savant crescendo de gammes mixées.
Deux grands absents : "Hall of Mirrors", magnifique complainte au menu du grandiose Trans Europ Express (77)  et ..."The Robots" ?. Erreur pour le deuxième thème, qui sera repris en mode speedé et mannequins articulés lors du premier rappel, sous la belle esthétique constructiviste qui servait d'illustration à The Man Machine (78). Le deuxième étant consacré aux dernières œuvres du groupe ( Electric Café (86) et Tour de France Soundtracks (2003).
La salle bondée qui ne savait pas encore ne pouvait que s'en aller repue, chacun allant de ses remarques sur les morceaux où Kraftwerk avait le plus fait montre de son savoir-faire.
Mais tous de souligner la pureté étincelante d'un son à nul autre pareil semblable à un diamant poli et inaltéré, et le fait que le concept Kraftwerk même amputé de l'une de ses têtes pensantes reste plus fort que la somme des membres qui le composent... et qu'il sera encore légitime d'aller le visiter dans une vingtaine d'années, lorsque tous ses membres auront été remplacés.
Tout en espérant très fort que l'actualisation de "Radioactivity" ne verra pas un jour le nom de Fessenheim rajouté à la liste....
 "Trans Europ Express",  "The Robots" et le début d'"Aero Dynamik" au Silo :