Hommage à Paris aujourd'hui...
Le Grand Paris est un projet visant à transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole mondiale et européenne du XXIe siècle, afin d'améliorer le cadre de vie des habitants, de corriger les inégalités territoriales et de construire une ville durable
Ce projet mené par le gouvernement de François Fillon (2007-2010), alors secrétaire d’État chargé du Développement de la région capitale, a proposé la création de pôles économiques majeurs autour de Paris, ainsi que la création d'un réseau de transport public du Grand Paris performant qui relierait ces pôles aux aéroports, aux gares TGV et au centre de Paris. En outre, le projet prévoit la création du cluster technologique Paris-Saclay dans la région du plateau de Saclay, à vingt kilomètres au sud de Paris.
Le projet est aussi institutionnel. Il s'agit de créer une structure de gouvernance entre Paris et son agglomération dense, la métropole du Grand Paris, qui devrait regrouper, aux termes du projet de loi de « modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles » adopté par le parlement en décembre 2013, les communes de Paris, des départements des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne et certaines communes des départements de la grande couronne parisienne. La création de cette métropole à statut particulier est prévue le 1er janvier 2016, date à laquelle sera remplacé l'ensemble des communautés de communes et communautés d'agglomérations concernant ces communes par des « territoires » du Grand Paris, sans autonomie juridique ni fiscalité propre.
Historique
L’idée de « Grand Paris » est ancienne et a été maintes fois réactivée. Sous ce vocable, Napoléon III imaginait étendre la capitale depuis Saint-Germain-en-Laye, à l'ouest, à Marne-la-Vallée, à l'est.
André Morizet, maire de Boulogne-Billancourt, conseiller général, membre de la commission du Vieux Paris, reprend l'expression en 1932 dans un livre Du vieux Paris au Paris moderne, Haussmann et ses prédécesseurs. Avec Henri Sellier, ministre de la Santé et maire de Suresnes, André Morizet se voit confier une mission sur la réforme administrative du Grand Paris à l'époque du Front populaire (1936-1937) avec deux principes : réaffirmer l'autonomie politique des arrondissements de la ville de Paris et la constitution d'un conseil appelé à gérer les intérêts généraux de l'agglomération du Grand Paris.
Le projet des sénateurs Morizet et Sellier est amplement repris en 1937 dans l'ouvrage du président du conseil municipal de Paris, Jean Raymond-Laurent Vers le Plus Grand Paris, dans lequel est, en particulier, évoquée la fusion des 20 arrondissements parisiens et des 80 communes du département de la Seine qui seraient représentés par un conseil du « Plus Grand Paris » de 100 membres.
Le géographe Jean-François Gravier reprend cette idée et cette expression en 1949 parmi les propositions qu'il fait dans son ouvrage La Mise en valeur de la France, dont le but est de corriger les déséquilibres du territoire français qu'il avait présentés deux ans auparavant dans Paris et le désert français. Il imagine alors un Grand Paris de plus de cinq millions d'habitants et met déjà en avant le problème de la place trop importante de l'automobile dans la capitale.
En pratique, un Grand Paris existe à l’échelle du département de la Seine. Mais en 1964, lors de la réorganisation de la région parisienne, le choix de De Gaulle consiste à démembrer ce grand Paris. La reconfiguration politique est imposée aux élus de l'agglomération parisienne, élus qui sont majoritairement hostiles à toute réforme territoriale qui viserait à supprimer le Grand Paris. Pour ces élus, ce Grand Paris a fait ses preuves depuis 170 années d'existence. Le Grand Paris du départemetn de la Seine, qui réunissait à la fois la capitale et 80 communes de la Seine-banlieue, a en effet permis à ses élus de produire des politiques publiques jugées tout à fait pertinentes, qui ont permis d'équiper, de désenclaver et d'assurer une certaine paix sociale dans ces territoires très clivés politiquement.
Consultation internationale Le Grand Paris
Le 26 juin 2007, lors du discours d'inauguration du satellite S3 de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, Nicolas Sarkozy annonce l'intention de l'État de développer une vision globale d'aménagement pour la région Île-de-France. Il propose une réorganisation des pouvoirs, Paris étant la seule agglomération de France à ne pas avoir de communauté urbaine. Le 17 septembre 2007, lors du discours d'inauguration de la Cité de l'architecture et du patrimoine, il propose de réfléchir à un nouveau projet d'aménagement global du Grand Paris pour la région parisienne. Il annonce son intention de lancer une consultation architecturale internationale pour « travailler sur un diagnostic prospectif, urbanistique et paysager, sur le Grand Paris à l'horizon de vingt, trente voire quarante ans. »
Le 4 juin 2008, dix équipes internationales d’architectes se sont vu confier la tâche, par Nicolas Sarkozy, de réfléchir à un « projet d'exception » pour l’avenir de Paris dans le cadre d’une consultation multidisciplinaire intitulée « Le Grand Pari(s) ». Les dix équipes retenues sont les équipes de Richard Rogers, Yves Lion, Djamel Klouche, Christian de Portzamparc, Antoine Grumbach, Jean Nouvel, Studio 08, Roland Castro, LIN Finn Geipel Giulia Andi et MVRDV. La consultation est placée sous la responsabilité d'un « comité de pilotage » formé par 14 représentants des ministères, de la région Île-de-France, de la ville de Paris et des maires d'Île-de-France.
Les propositions des architectes ont fait l'objet d'une exposition intitulée « Le Grand Paris de l’agglomération parisienne », à la Cité de l'architecture et du patrimoine du 30 avril au 22 novembre 2009.
Le 10 février 2010, Bertrand Lemoine, architecte et ingénieur, directeur de recherche au CNRS, a été nommé au poste de directeur général de l'Atelier international du Grand Paris, qui fédère aujourd'hui les équipes d'architectes au sein d'une structure permanente. Le rôle de l'Atelier est de poursuivre la production d'idées et de propositions sur le Grand Paris, de faciliter les coopérations entre acteurs de la métropole et de promouvoir le débat public. Il a recensé quelque 650 projets et poursuit l'inventaire des « mille lieux » du Grand Paris. Il réunit aujourd'hui quinze équipes pluridisciplinaires menées par des architectes-urbanistes, recrutées en 2012 à la suite de l’organisation d’une nouvelle consultation internationale.
Son conseil scientifique poursuit une série d'études sur deux thèmes. « Habiter le Grand Paris » répond aux ambitions affichées d’augmenter très significativement le volume de logements neufs dans la métropole parisienne, de rééquilibrer habitat et emplois sur le territoire du Grand Paris et de faire du logement un outil essentiel du développement urbain et de l’égalité des territoires. Ces études ont été livrées fin mars 2013. « Systèmes métropolitains » interroge la métropole à l’aune de ses différentes échelles, de la ville-monde à la structuration des bassins de vie et des pôles de centralité, des flux et des réseaux, pour dessiner une physiologie, un caractère, un récit propre au Grand Paris.
À la suite de l'alternance de 2012, le scénario de la fusion des départements est abandonné. Dans le cadre de l'avant-projet de loi du gouvernement Ayrault sur la décentralisation, le moratoire sur l'achèvement obligatoire de la carte intercommunale dans la petite couronne, adopté dans la loi de 2010 à la suite d'un amendement de Philippe Dallier, est supprimé ; les communes des trois départements devront être regroupées en EPCI à fiscalité propre au 1ER janvier 2015. C'est un scénario « polycentrique » associant Paris et de grandes communautés d'agglomération, préconisé notamment par Patrick Braouzec, président de Paris métropole, qui est alors retenu. Ce syndicat mixte d'étude est appelé a évoluer vers un pôle métropolitain réformé.
Le projet de loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles prévoit finalement pour Paris la constitution au 1er janvier 2016 d'un syndicat mixte s'apparentant au pôle métropolitain, la Métropole de Paris, centré notamment sur la question du logement. Cette hypothèse étant rejetée par le Sénat en juin 2013, le gouvernement introduit à l'Assemblée nationale des dispositions faisant de la « métropole du Grand Paris » une intercommunalité regroupant les communes de Paris et des trois départements de la Petite couronne et supprimant leurs intercommunalités, devant être créé au 1er janvier 2016.
D'après Wikipédia