Aujourd'hui commence un deuil national de trois jours en France meurtrie.
L'heure est au recueillement devant les morts de ce vendredi treize, dont le jour n'a certainement pas été choisi au hasard, un vendredi comme le jour de la mort du Christ, treize comme le nombre de ses apôtres avant la trahison de l'un d'entre eux.
L'heure est aux condoléance adressées à leurs proches et aux pensées lourdes de peine pour leur peine.
L'heure est à la compassion envers les autres victimes qui garderont dans leur chair et leur âme des cicatrices de ce jour-là.
L'heure n'est pas encore, mais elle viendra, où il faudra tâcher de comprendre pourquoi ces barbaries ont pu être commises et n'ont pu être empêchées.
L'heure est à la consolation de ceux qui restent. J'en laisse le soin à deux poètes que j'aime, de la France que j'aime.
L'heure est à la prière, en ce jour du Seigneur.
Francis Richard
La nuit n'est jamais complète.
ll y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée,
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, Faim à satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.
Paul Eluard
La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Charles Péguy