Se repasser les images de la soirée. Celles vues à la télé mais aussi celles vécues. Une soirée au théâtre comme si souvent. Un verre avec un ami avant. Rire, parler des pièces qu'on a vues, de celles qu'on ira voir. La représentation réussie, l'émotion procurée par ce si beau spectacle ...
Apprendre la nouvelle en sortant. Céder un peu à la panique, rentrer chez soi, se dire qu'on ne veut plus sortir, qu'on va quitter Paris. Envie de se blottir contre son enfant, de rester là dans sa chambre à l'abri au milieu des peluches pour toujours.
Se réveiller après quelques heures de sommeil seulement. Lancer une machine, couper les ongles de l'enfant ... Gestes du quotidien pour reprendre le cours normal de la vie. Réfléchir en se lavant les cheveux. S'être demandé si souvent quelle aurait été notre réaction face à la barbarie.
Se rendre compte que le choix est là à présent. Pas en cachant des enfants ou en prenant le maquis. Juste en continuant à aller au théâtre. Un résistance passive, un NON clair à ceux qui veulent qu'on se terre comme des cloportes.
Chercher les issues possibles des yeux au départ, peut-être, mais rester assis dans son fauteuil sans fuir. Dérisoire ? Sans doute mais la meilleure façon pour notre civilisation de rester debout, sans céder à la haine mais en préservant nos piliers que sont la culture et l'ouverture aux autres.
Alors oui, dès demain je reprendrai ma plume pour vous parler d'Eugénie au théâtre du Rond Point. Demain seulement car aujourd'hui, les sanglots sont encore trop près pour écrire.