Gabrielle (Isabelle Carré), une mère isolée, élève seule sa fille, Claire (Alice de Lencquesaing que l’on a vu dans Bodybuilder et La prochaine fois je viserai le cœur), dix-sept printemps. Alors que celle-ci est enceinte de Simon (Thomas Soliveres), son copain, vingt et un ans, qui refuse de reconnaître l’enfant, la mère désemparée et prête à tout pour arranger la situation décide de contacter son père, Ange (Patrick Bruel).
Ange & Gabrielle, en voilà un titre qui évoque les voûtes célestes. Effectivement, les personnages du film naviguent dans des cieux sans nuages, où les soucis disparaissent aussi vite qu’ils arrivent, où tout le monde il est beaux, tout le monde il est gentil, ou en passe de le devenir. Bruel est le type viril, macho mais tellement désirable, Carré, la fille plus béate que solaire qui ne s’en laisse pas compter. Le pauvre Soliveres est affublé d’une coupe de cheveux qui fit certainement fureur à Neuilly-sur-Seine, un brin bohème, un brin bourgeois. Quant à Alice de Lencquesaing, véritable erreur de casting, du haut de ses vingt-quatre ans, a bien du mal à incarner une adolescente chamboulée par sa grossesse. Pire, sa grossesse devient rapidement un élément scénaristique de seconde main. Le surjeux est partout dans Ange & Gabrielle. Inspirée par une pièce de théâtre, L’éveil du chameau de Murielle Magelan, Gafieri tente de reprendre les codes de la scène, portes qui claquent et gifles qui résonnent, sans arriver à en maintenir le rythme. Ange & Gabrielle échoue même à nous faire rire avec sa reprise éculé, bas de gamme, de Trois hommes et un couffin.
On assiste davantage à une pièce de théâtre mal filmée qu’à une adaptation cinématographique.Le jeu cabotin des acteurs, pour la plupart certainement très mal dirigées, dont Alice de Lencquesaing véritablement aux abonnés absents n’est pas le seul problème d’Ange & Gabrielle. C’est, qu’une fois n’est pas coutume, c’est dans les romances les plus insignifiantes que l’on distille le mieux la tristesse d’une banalité affligeante, en lieu et place du sentiment de joie qui devrait prévaloir. Au final, si Ange est un vieux célibataire endurci misogyne, à qui l’on ne veux pas nier le droit de changer, c’est malgré tout avec la castagne qu’il finit par régler ses problèmes. C’est donc de cette archétype que Gabrielle s’amourache. Alors qu’elle semblait une femme libérée, la voilà promise à finir ses vieux jours avec lui. Conclusion maussade, la quadragénaire et le quinquagénaire s’unissent juste pour tromper la mort et font des gosses pour s’occuper. On est loin, très loin, de la folle histoire d’amour qui pourrait nous apporter un peu de rêve.
Il y a des romances niaises qui visent les midinettes espérant le prince charmant et celle, trop ancrée dans le réel, dont la magie est totalement absente. Ange & Gabrielle, réussit l’exploit de réunir ses deux écoles concurrentes sans pour autant réussir par ce biais à y apporter de la sensibilité, de la nouveauté, de inattendue, de la beauté. On s’ennuie autant par la banalité du scénario que l’on s’offusque de la vision policé de ce sentiment si grand et si complexe que l’on appelle l’Amour. Ici, pas de miracle.
Boeringer Rémy
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