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Face à l’afflux incessant de réfugiés en Allemagne, l’inquiétude de la population grandit. Pourtant, Angela Merkel ne compte pas renier son rôle de "mère" des réfugiés, qui pourraient être 1,5 million dans le pays d’ici la fin de l’année. Pour organiser l’accueil de ces personnes, 6 milliards d’euros ont déjà été débloqués par l’État. Ces chiffres font peur en Allemagne, où l’opinion publique, craignant les conséquences à moyen terme de ce bouleversement démographique, s’est retournée contre sa chancelière depuis la fin de l’été. En effet, chaque migrant obtenant immédiatement le statut de "réfugié politique", avec le regroupement familial qui en découle pourrait amener jusqu’à 7 millions de réfugiés dans le pays. Face au manque de ressources en matière d’accueil et sans réponse politique forte de la part de Merkel, ce problème pourrait bien prendre une ampleur insoupçonnée.
Par ailleurs, Angela Merkel se doit de trouver un remède à l’extrême précarité d'une partie de la population allemande. En effet si l’Allemagne ne compte aujourd’hui que 3 millions de chômeurs, ceux-ci s’ajoutent aux 9 millions de travailleurs pauvres (20% de la population active). Cette précarité est d’autant plus flagrante à l’Est, où tous les problèmes sont amplifiés. L’ex-RDA compte un taux de chômage deux fois supérieur à l’ex RFA et une population encore plus vieillissante. La précarité de masse et les inégalités croissantes sont donc au cœur des inquiétudes dans un pays qui accueille des réfugiés par dizaines de milliers depuis plusieurs mois. Dans ce contexte, le scandale Volkswagen, qui équipait ses voitures diesel de logiciels truqueurs afin qu’elles semblent respecter les règles anti-pollution en vigueur, a ébranlé un peu plus la côte de la chancelière. Bien que celle-ci ait critiqué les agissements de la firme automobile, elle ne peut se mettre à dos les acteurs de cette industrie, qui représente un emploi sur sept.
A travers la lutte contre l’organisation État Islamique, c’est une lutte d’influence mondiale qui se joue. L’Allemagne prend parti pour le pragmatisme en s’alliant avec tous les acteurs qui aideront à l’anéantissement de Daesh. Cette position, moins clivante que celle de la Russie qui soutient totalement Bachar Al-Assad, est néanmoins inconciliable avec celle de ses alliés qui refusent d’accorder leur confiance au dictateur. Au-delà de la guerre, c’est un enjeu de leadership mondial qui se joue en Syrie. Merkel y va de sa crédibilité et ne peut laisser la Russie, la France ou les États-Unis lui dicter sa position. Un défi important, mais loin d’être impossible pour la chancelière allemande.