Titre original : Get Hard
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Etan Cohen
Distribution : Will Ferrell, Kevin Hart, Craig T. Nelson, Alison Brie, Edwina Findley, Paul Ben-Victor…
Genre : Comédie
Date de sortie : novembre 2015 (VOD)
Le Pitch :
James King, un gérant de fonds de pension plein aux as, est brutalement arrêté pour malversations financières et condamné à une lourde peine. Très effrayé à l’idée d’être enfermé dans l’une des pires prisons des États-Unis, il se rapproche de l’homme auquel il fait laver sa voiture, en pensant que celui-ci est déjà passé par la case prison, afin qu’il le prépare à affronter le pire. Mais dans les faits, le gentil Darnell est doux comme un agneau. Chef d’une petite entreprise au casier judiciaire vierge, il ne cherche qu’a réaliser son rêve et voit dans la proposition de King, une chance d’y parvenir…
La Critique :
Si une preuve supplémentaire était nécessaire quant au manque de popularité de Will Ferrell en France, Get Hard se pose là. Le film, rebaptisé En Taule : Mode d’Emploi, n’est même pas sorti en salle. Balancé à la va-vite en VOD, avant, on l’espère, une sortie DVD, le long-métrage est voué à passer inaperçu. Aujourd’hui, si Ferrell ne partage pas l’affiche avec une grosse star plus « bankable » (comme Mark Wahlberg par exemple), ses films sont ignorés. Pourquoi ? Peut-être parce que son humour n’a pas trouvé son public, malgré un puissant et indéfectible contingent de fans, ou peut-être que les distributeurs n’ont pas su le vendre dès qu’il a commencé à cartonner aux États-Unis. Alors qu’il aurait pu devenir aux yeux du public le nouveau Ben Stiller ou Jim Carrey, Will Ferrell, qui reste une énorme star outre-Atlantique, est un comique qui ne parle qu’à une très petite frange de spectateurs français. Frange dont nous faisons partie.
Premier film du scénariste d’Idiocracy, Tonnerre sous les Tropiques et de Men in Black 3, En Taule : Mode d’Emploi bénéficie aussi de l’implication au scénario du génial Adam McKay, le réalisateur de Frangins malgré eux et fidèle comparse de Will Ferrell. En tout logique, le film est tout dédié à son comédien principal, même si Kevin Hart, lui-même assez tricard chez nous, arrive à tirer son épingle du jeu.
Finalement, la dynamique est très simple : deux mecs que tout oppose s’entraident avant de devenir amis. Cela ne vous rappelle rien ? Ok, pour l’originalité, on repassera, mais là n’est pas le propos. On le sait, Will Ferrell peut tirer partie de n’importe quel pitch et celui d’En Taule : Mode d’Emploi, le comédien n’en fait qu’une bouchée. Dès le début, le long-métrage s’impose comme un Will Ferrell’s Show, tandis que le script montre très gentiment du doigt les préjugés raciaux, s’assurant une toile de fond un minimum solide. Le héros est donc un type plein aux as, qui vit dans sa bulle, avec sa femme canon et son travail sur-payé. Quand il doit aller en prison, il se rapproche tout naturellement du seul Noir qu’il connaît. Le hic, c’est qu’il ne s’agit pas d’un ancien repris de justice mais d’un père de famille et chef d’entreprise plutôt ordinaire. Un quiproquo à la base de toute l’histoire, qui part ensuite dans différentes directions, sans se priver d’en faire des caisses à la moindre occasion. Y compris quand il lorgne du côté du buddy movie, avec ses séquences d’action inattendues et pour la plupart hilarantes.
Si il s’agissait de résumer en quelques mots En Taule : Mode d’Emploi, on pourrait dire quelque chose du genre : une comédie loufoque ou chacun fait ce qu’il sait faire de mieux, sans prendre trop de risque. Will fait du Ferrell et Kevin fait du Hart. Le premier est génial et le second comblera sans problème ses fans. Tous les deux se complète au sein d’une long-métrage solidement ancré dans une tradition contemporaine comique, qui fait qu’au final, le spectacle s’avère plutôt familial, et tant pis si l’humour, toujours très estampillé « Saturday Night Live » ne pourra pas faire rire tout le monde non plus.
Pas orignal mais efficace, cette gentille comédie ne se hisse pas au niveau de Frangins malgré eux ou de Retour à la Fac. Il n’est pas non plus aussi burné que Casa de mi Padre. Non, lui son truc c’est d’exploiter un filon bien tranquillement, sans prendre trop de risques. Au fond, il ne tente pas non plus de surfer trop longtemps sur son sous-propos relatif à la crise économique, comme l’avait brillamment fait Braqueurs Amateurs. Il assume juste son statut légèrement anecdotique pour se « contenter » d’offrir un bon moment à ceux qui savent ce qu’ils viennent chercher. En d’autres termes : fans de Will Ferrell, foncez tête baissée ! Get Hard réserve son lot de fous-rires et c’est bien le principal !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France