Connaissez-vous Etienne Camus ou Eugène-Paul Benet ? Non bien sûr. Et pourtant, vous avez certainement vu l’une ou l’autre de leurs œuvres. En effet, le premier a sculpté 274 monuments aux morts, le second plus de 120. Partons donc aujourd’hui, puisque l’époque s’y prête, à la découverte des monuments commémoratifs de la première guerre mondiale.
Monument aux morts – Champdieu
La France compte plus de 36 000 communes (36 744 précisément en 2015). Une immense majorité d’entre elles possède(nt ?) un monument aux morts. 19 communes n’en n’ont pas eu besoin, ne comptant aucun mort pour la Patrie parmi leurs enfants, tandis que 200 autres se sont abstenues d’en ériger, certaines pour des raisons bassement politiques.
Ajoutons à cela les autres monuments dans les églises, les écoles, les régiments… sans oublier les communes des anciennes colonies : cela nous donne des dizaines de milliers de stèles à imaginer, concevoir, fabriquer et installer. Et donc des milliers d’artistes et entrepreneurs : sculpteurs, marbriers, ferronniers, peintres, mosaïstes…
Bien entendu, tous les monuments aux morts ne sont pas des chefs-d’œuvre, loin de là. Les municipalités avaient à leur disposition de véritables catalogues de modèles, plus ou moins personnalisables. Par exemple, le soldat dit en Résistance d’Henri-Charles Pourquet – le numéro 854 de la fonderie du Val d’Osne – a été l’un des plus gros succès du moment : grandeur nature, l’air martial, le regard vers le ciel, il illustre à merveille le « on les a eus » cher à de nombreuses municipalités. Et puis, choisir un monument de série était d’un moindre coût.
Monument aux morts – Nice
Il faut avouer que le vocabulaire est assez restreint. Les mêmes symboles apparaissent inévitablement : un poilu, un coq, une allégorie de la victoire… Dans l’ensemble les communes ont davantage axé leur hommage vers la gloire, le courage et l’héroïsme des poilus que vers des sentiments anti-militaristes, voire anti-patriotiques. S’ils ont parfois leur notoriété locale, les monuments aux morts pacifistes sont en réalité peu nombreux, au maximum une soixantaine pour toute la France, allant du simple « Plus de guerre » jusqu’à l’inscription d’une citation de Karl Marx « L’Union des Travailleurs fera la paix dans le monde ».
A côté de cette armada de « Prêt à honorer » décorant la plus grande partie du territoire, les communes plus riches ou appuyées par de généreux donateurs pouvaient s’offrir le luxe d’une création originale sur-mesure.Par exemple, le monument aux morts de Nice est réalisé par Roger Séassal, architecte et grand prix de Rome. Classé Monument Historique, il mesure 32 mètres de haut, à flanc de rocher.
Le monument aux morts de Lodève est également une belle pièce artistique, Paul Dardé, son auteur n’ayant d’ailleurs pas caché son antimilitarisme. Il évoque la souffrance des mères et femmes de poilus.
Autre exemple, le monument aux morts de Champdieu (Loire), situé dans l’église du village, est une Pieta de facture honorable.
Monument aux morts – Trévières
Certains monuments sont originaux, tels celui de Camplong (Hérault) qui repose sur un casque prussien ou celui de Trévières (Manche) défiguré par un obus… pendant le débarquement en Normandie et qui l’a transformé en gueule cassée.
Et vous ? Connaissez-vous le monument aux morts de votre commune ? Comment est-il ? Envoyez-nous une photo !!
Monuments aux morts – Lodève
Monument aux morts – Camplong
Addendum : une fidèle lectrice m’envoie cette photo – il s’agit du monument aux morts de Fonts-Saint-Denis réalisé en 2000 par Louis Réminy pour remplacer le précédent, volé, et qui représentait un soldat de type européen, auquel les Martiniquais avaient du mal à s’identifier…