C’est un nouveau paradigme qui s’ouvre sur l’épidémiologie et la lutte contre la dengue, une maladie qui entraîne, chaque année, 390 millions d’infections apparentes et …asymptomatiques. Ces chercheurs de l’Institut Pasteur du Cambodge, de l’Institut Pasteur à Paris et du CNRS qui se sont intéressés aux 75% de cas peu ou pas symptomatiques, apportent la preuve que les personnes qui sont infectées mais asymptomatiques sont celles qui à un niveau donné de la virémie, sont les plus infectieuse pour les moustiques. Basées jusque-là sur la détection des cas infectés apparents, la surveillance et la lutte contre la maladie doivent être donc totalement reconsidérées. Des données donc stratégiques, publiées dans les Actes de l’Académie des Science américaine (PNAS).
Ainsi, les chercheurs estiment que 300 millions de personnes infectées par le virus, ne présentent pas suffisamment de symptômes pour être détectés et que ce sont ces personnes qui présentent le risque le plus élevé de contaminer, à leur tour, les moustiques. Un changement total de paradigme alors que jusqu’ici, les personnes atteintes mais asymptomatiques étaient globalement considérées comme des hôtes terminaux pour la transmission, en raison de niveaux de virémie, supposés insuffisants pour infecter les moustiques. Ici, les chercheurs montrent qu’en dépit d’un niveau moyen modéré de virémie, les personnes asymptomatiques peuvent être tout aussi infectieuses pour les moustiques. L’étude, menée au Cambodge a d’abord cherché à détecter ces cas non recensés par analyse de sang, de sujets proches géographiquement de personnes dûment diagnostiquées. Ces cas asymptomatiques ont ensuite été mis en contact avec des moustiques sains, en laboratoire. L’expérience montre que :
· ces moustiques sont infectés,
· capables de transmettre le virus lors d’une prochaine piqûre,
· le niveau de virémie de ces cas asymptomatiques est plus élevé que celui de sujets diagnostiqués.
Les sujets asymptomatiques, majoritaires parmi les personnes infectées, perpétuent ainsi la transmission du virus de façon silencieuse. Une découverte qui implique de reconsidérer la prise en charge des épidémies de dengue mais aussi de réévaluer la couverture vaccinale minimale dans la recherche et le développement de nouveaux vaccins, précisent les chercheurs dans leur communiqué.
Source: PNAS Nov, 2015 doi: 10.1073/pnas.1508114112 Asymptomatic humans transmit dengue virus to mosquitoes
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