Petit guide pour parler non sexiste dans les services publics

Publié le 12 novembre 2015 par Scharpentier

Le sexisme se trouve parfois là où on ne le distingue pas clairement. Dans les choses ordinaires. Dans l’usage de la langue française par exemple.

L’Institut national de la langue française avait justement référencé, dès 1999, quelque 2000 titres, grades, fonctions et métiers en précisant leur terme masculin et féminin.

Et pourtant, qui en connaît vraiment l’existence, même dans les rangs des élus, fonctionnaires, personnels des entreprises publiques?

C’est pourquoi le HCEfh a publié le 05 novembre 2015, un guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe dans les colloques, campagnes d’affichage ou spots radios.

Au travers de dix recommandations pédagogiques, ce guide cible la communication de toutes les entités publiques, en interne comme en externe, mais pourra aussi servir d’outil à toute personne soucieuse de communiquer sans discrimination.

Et si les mots contribuaient aussi à agir pour l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Si l’égalité entre les femmes et les hommes est aujourd’hui promue à tous les niveaux, conformément aux engagements internationaux et européens de la France, il n’en reste pas moins qu’en 2015, la communication publique véhicule encore des stéréotypes de sexe, relève le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh).

Madame le Directeur ou Madame la Directrice, une question « accessoire » ?

J’entends déjà les détracteurs prêts à s’émouvoir sur le côté accessoire de la formule. Ca ne vous gèrerait pas messieurs, si nous vous appelions « Monsieur la Directrice » vous ?

Quels codes et quelles images associent-ont à « Madame le Directeur » ?

Comme le souligne le HCEfh, «la langue reflète la société et sa façon de penser le monde».

Le langage notamment, use souvent du masculin dit « neutre » et « universel » dans les textes mais aussi dans les noms de fonction, ce qui contribue à rendre invisibles les femmes.

Les images, aussi, enferment femmes et hommes dans des représentations stéréotypées: couleurs douces pour les femmes/sombres pour les hommes, positions lascives ou maternantes pour les femmes/ambition et domination pour les hommes.

A la tribune, sur les photos ou sur les plateaux, on observe également fréquemment une présence déséquilibrée des femmes et des hommes.

Ecrivaine ou pompière, des féminins qui dérangent ?

Sous prétexte de respect de la langue française, on nous rappelle à tord que écrivaine, c’est une formulation très discutable.

Pourtant, il faudrait dire à ces détracteurs que l’usage du féminin fut longtemps partie intégrante de notre langue, comme les noms de métiers et fonctions qui furent exercés par des femmes : doctoresse, charpentière, marchande…

C’est seulement quelques années après la création de l’Académie française, que le masculin l’emporte en grammaire sous le motif qu’ «il est plus noble». 

Le Haut Conseil prône ainsi dans son guide d’accorder les noms de métiers, titres, grades et fonctions avec le sexe des personnes qui les occupent.

Préférez Madame la maire, Madame la sénatrice ou Madame la préfète, à Madame le maire, le sénateur ou le préfet…

D’ailleurs, « en 2014, 15,7% des préfet.ète.s sont des femmes », remarquent les auteurs.

« LEtat et les collectivités territoriales se doivent d’être exemplaires, notamment via l’utilisation de l’argent public destiné à la communication », soulignent en préambule la présidente du HCEfh Danielle Bousquet et la rapporteure Gaëlle Abily.

Le marché de la communication publique est estimé à plus de un milliard d’euros chaque année.