Poncho Negro (poncho noir) était une marque indépendante
Il y a deux ans, elle a été rachetée par le groupe laitier Arcor
qui l'a retirée des linéaires des supermarchés.
Plusieurs associations culturelles, dont l'objectif est de préserver et développer les traditions sud-américaines, se sont alliées, en Argentine, au Brésil et en Uruguay, pour monter un projet qui permette de présenter la candidature au Patrimoine culturel de l'UNESCO la figure du gaucho, qui est l'un des piliers identitaires des campagnes de ces trois pays. C'était le sujet d'un article de La Nación hier, pour le Día nacional de la Tradición, la fête nationale des traditions, fixée en Argentine au 10 novembre.
Prière pour la canonisation du Cura Brochero
avec l'aval du magistère local
En Argentine même, la figure du gaucho est présente un peu partout dans l'actualité rurale, même s'il n'est pas toujours à cheval (mais parfois en quad), dans l'histoire populaire notamment le souvenir de la guerre d'indépendance puis de la guerre civile du côté fédéral, dans l'imagerie populaire (amplement utilisée dans la publicité pour les produits alimentaires, que ce soit le dulce de leche, la yerba mate et la viande), dans la peinture (il est l'une des figures les plus travaillées par le fondateur de la peinture argentine, Prilidiano Pueyrredón), dans les contes et la tradition orale de tout le pays, dans la musique depuis le folklore (toutes régions confondues) jusqu'au tango, malgré le caractère éminemment citadin du genre sans oublier bien entendu toute la poésie et plus généralement la littérature, où l'épopée en octosyllabes de José Hernández, Martín Fierro, est, depuis 1872, la source d'inspiration d'une foule d'œuvres dans toutes les disciplines et a fondé un axe de la tradition pour les écrivains dans tous les genres.
Recorriendo la estancia, de Prilidiano Pueyrredón (1865) - Museo Nacional de Bellas Artes
(le titre en français : Visite du domaine)
En 1923, José Hernández lui-même adapta au cinéma muet son œuvre. L'affiche ne nous est pas parvenue...
L'affiche du Martín Fierro de 1968 avec Alfredo Alcón dans le rôle titre
Le gaucho est même présent dans le domaine religieux. Il existe et ô combien dans la spiritualité catholique, à travers le pèlerinage gaucho de Luján (1), en l'honneur de la Virgen Gaucha, culte qui a donné lieu à de nombreux films dont une fiction inspirée par le miracle fondateur (1630) et la visite du Pape Jean-Paul II (1982), et la figure du Cura Gaucho, le bienheureux José Gabriel Brochero (1840-1914), qui sera bientôt canonisé (2).
Le pèlerinage gaucho
Il est même présent dans l'histoire de l'immigration juive, avec ce livre paru en feuilleton en 1908 dans La Nación, Los Gauchos judíos, adapté au cinéma en 1974.En Uruguay, le gaucho relève tout simplement du père de l'indépendance, el Padre de los Pueblos Libres, José Gervasio Artigas (1764-1850), presque toujours représenté avec le poncho, même dans ses portraits en pied et en uniforme.
Une marque très répandue, de fabrication industrielle.
C'est très loin d'être la meilleure yerba mate du marché malgré son nom flatteur...
consulter le site Internet du Cura Brochero (site spirituel)
(1) Ce pèlerinage est aujourd'hui contesté par des associations de protection animale parce qu'il arrive que quelques chevaux meurent au cours de la manifestation. Mais ce pèlerinage correspond à une vieille tradition qui remonte maintenant à plus de 70 ans, ce qui est très ancien en Argentine. Le sanctuaire de Luján n'est lui-même basilique nationale depuis seulement 1910, pendant l'année du centenaire. (2) Le deuxième miracle vient d'être reconnu à Rome. (3) Sentimiento Gaucho fait partie du corpus de letras que j'ai traduites en français dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai publié aux Editions du Jasmin en mai 2010.