Différences culturelles : Culture noix de coco ou pêche ?

Dans son livre Culture Map, Erin Meyer, professeure à l’INSEAD, a tenté d’expliquer de façon simple et claire une des principales différences entre les cultures grâce à des illustrations de fruits. Elle oppose ainsi les cultures plus dites de noix de coco et les cultures pêches. Ceci ne concerne évidemment en aucun cas les pratiques agricoles des individus, mais bien leurs types de personnalités, de culture.

Une noix de coco est extrêmement difficile à ouvrir, mais une fois ouverte, nous trouvons une chair généreuse.  il est facile de presser la pêche, mais son noyau est extrêmement délicat à ouvrir. Et bien dans sa théorie, Erin Meyer explique justement que certaines cultures sont semblables à ces fruits. On trouvera ainsi de très nombreux récits d’expérience (ici , ici , et  ici) entre la culture américaine et la culture allemande.

La culture pêche
Exemple : USA, Amérique Latine. Ouverts et amicaux aux premiers abords, les individus sourient plus fréquemment aux inconnus, vont souhaiter partager des informations personnelles et vont poser des questions personnelles également aux autres. Franc voire brute de décoffrage, il vous sera extrêmement facile d’aborder toutes sortes de sujets avec eux. Mais, une fois que vous avez passé l’étape de discussion autour de sujets mondains, ils seront plus réticents à parler de leurs réels « eux-intérieur ». Les pêches trouvent les noix de coco ennuyeux et froid.
La culture noix de coco
Exemple : Russie, Allemagne, pays du nord.
Plus fermés aux inconnus, ces peuples sourient rarement aux inconnus et n’échangent que peu d’informations avec les personnes qui n’appartiennent pas à leur cercle de « confiance ». Construire une relation avec eux prend du temps, mais une fois la coque percée, la relation est durable et sincère. Les noix de coco trouvent que les pêches sont malpolies et indiscrètes.

Vous retrouverez un témoignage ici particulièrement drôle et parlant, d’une interaction entre une noix de coco et une pêche (je parle ici bien sûr des personnalités…). Cette théorie n’a évidemment pas pour but de mettre des pays, des peuples dans des cases, mais bien d’aider à comprendre le fonctionnement de ses collaborateurs. Il est également évident que certains peuples changent de catégories en fonction de leur lieu… Par exemple, comme dit ici, les anglais ont plus tendance à être des noix de coco en Californie, mais des pêches à Paris.

Trompenaars Hampden-Turner (THT), directeur d’un cabinet de consultant en  management interculturel, explique justement le caractère délicat d’une telle différence. Comment manager une équipe de pêches et de noix de coco ? Comment créer une dynamique de groupe dans un contexte d’une telle diversité ?

Il souligne la difficulté qu’il y a à mettre en place des valeurs dans l’entreprise (en faisant attention à ne pas imposer sa propre culture en la déclarant d’universelle sous prétexte que vous êtes le manager !). En effet,  d’après Trompenaars, à la question, « doit-on mentir à la police pour éviter à un de ses amis d’avoir des ennuis avec la

police », la majorité des Suisses répondraient « Comment une société peut-elle survivre, si on ne peut pas faire confiance aux individus pour dire la vérité aux autorités ? ». Pourtant, les vénézuéliens répondraient « Comment une société peut-elle survivre, si on ne peut pas avoir confiance en la loyauté de ses amis ? »

En conclusion, il est extrêmement important dans une équipe que vous identifiez vos besoins, votre personnalité et le besoin des autres pour pouvoir travailler dans les meilleures conditions possibles. Il ne s’agit pas de changer sa personnalité pour mieux rentrer dans un moule de noix de coco. Vous ne ferez jamais illusion, une pêche reste une pêche, une noix de coco une noix de coco. Soyez vous-même, mais dîtes clairement dès le début à l’ensemble de vos collaborateurs ce dont vous avez besoin pour vous épanouir au mieux dans votre travail. Vos relations seront ainsi saines et durables. Vous éviterez des situations critiques où vos collègues se diront que vous êtes quelqu’un de froid, fermé à toutes conversations ou au contraire bien trop curieux et malpoli. Ces différences culturelles sont une forme de diversité qu’il faut absolument savoir manager et gérer.

Ps : La France où est-elle ? Et bien, en suivant ce schéma, on pourrait dire que le nord serait peut-être plus noix de coco, et le sud plus pêche…