« Car nulle part corporellement, c'est partout spirituellement... j'aimerais mieux n'être nulle part corporellement, luttant avec cet aveugle rien, que d'être un si grand seigneur que je puisse, lorsqu'il me plairait, être partout corporellement...
Laisse ce partout et ce quelque chose, pour ce nulle part et ce rien.
Ne t’inquiète point si ton intelligence ne peut appréhender ce rien, car assurément je ne l'en aime que mieux. Il est en lui-même si précieux qu’elle ne peut l'appréhender. Ce rien, on l'éprouve plutôt qu'on ne le voit car il est tout aveugle et pleine ténèbre pour ceux qui ne l'ont pas encore beaucoup contemplé... Une âme en l'éprouvant est plus aveuglée par l'abondance de lumière spirituelle qu'on ne l'est par les ténèbres ou le manque de lumière physique.
Qui donc l'appelle ‘rien’? C'est assurément notre homme extérieur, non l'intérieur. L'homme intérieur l'appelle ‘Tout’, car par lui, il lui est donné de comprendre toute chose, corporelle ou spirituelle, sans en considérer aucune en particulier »
Le Nuage d'Inconnaissance, texte mystique anglais du 14ème siècle, auteur anonyme
Manuscrit de 1460